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lundi, 10 avril 2023

La politique de Macron : une révolution oligarchique contre le peuple

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La politique de Macron : une révolution oligarchique contre le peuple

par Pierre Le Vigan

« Liquidation », écrivait Frédéric Rouvillois dans son livre sur Macron comme définition de son prrojet (Liquidation. Emmanuel Macron et le saint-simonisme, Cerf, 2020). Le projet de Macron, c’est cela : liquider tout ce qui restait solide dans la société française, certaines mœurs et habitus, certaines structures, certains projets (devenir propriétaire d’une maison, la léguer, avoir un métier dont on est fier et pas seulement un ‘’job’’), rendre tout liquide, tout réversible, tout jetable (notamment les traces de notre histoire), tout interchangeable (les peuples, les gens, les sexes, les métiers, les territoires,  etc). Eparpillé façon puzzle : cela veut dire que notre pays et notre peuple ont été mis en morceaux. Dispersés et hachés menu.  Eparpillé : c’est le résultat de la politique de Macron. Un peuple dispersé, affaibli, atomisé.

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Loin de n’avoir « rien fait », comme on l’entend parfois, Macron a presque tout réalisé de son programme. Vendre l’industrie française : c’est le capitalisme de connivence. Conforter l’oligarchie : c’est le pacte de corruption lié au covid, c’est à dire à l’interdiction de traiter les malades du covid hors procédures de vaccin (ceux permettant des super profits aux membres de la caste – ceux qui ont propulsé  Macron et qui attendaient leur retour sur investissement).

Téléologie et domination du Capital 

Il faut ici faire appel à Marx. Et d’abord souligner son point faible : la téléologie, voire une certaine eschatologie. C’est ce qu’il y a de moins  convaincant chez Marx. « Pour nous, écrit Marx, le communisme n'est pas un état de choses qu’il convient d’établir, un idéal auquel la réalité devra se conformer. Nous appelons communisme le mouvement réel qui abolit l'état actuel des choses. Les conditions de ce mouvement résultent des données préalables telles qu’elles existent actuellement. » (L’idéologie allemande). On peut en douter. Pour le dire autrement, peut-on penser que le règne du Capital (entendons par là les rapports sociaux lié à un certain état et un certain agencement des forces productives) aboutisse nécessairement, même avec un coup de pouce politique, au communisme selon Marx, c’est-à-dire à la fin de l’aliénation ? Non. On ne peut valider la thèse de l’inéluctabilité historique de la marche vers le socialisme marxien comme travail conscient de la transformation de la nature et de soi-même. On peut craindre au contraire que le brouillard des âmes et le brouillage de la conscience de soi comme sujet historique ne s’étendent, par le développement du fétichisme de la marchandise.

Pas de marche assurée au dépassement du capitalisme donc. Par contre, le règne du Capital (de la Forme Capital) peut aboutir à une version apocalyptique du « communisme », cette fois au sens stalinien, ou au sens de la dictature chinoise, c’est-à-dire à l’étatisme absolu. Mais la différence entre le totalitarisme néo-libéral et  les totalitarismes communistes, c’est qu’il s’agit d’un étatisme antinational avec les néo-libéraux, l’Etat ayant fusionné avec les multinationales et la finance, qu’il a déjà sauvé en 2008 (cf. notamment Alain de Benoist, Au bord du gouffre. La faillite annoncée du système de l’argent, Krisis, 2015).  Nous vivons ainsi sous le « soleil noir du capital », comme écrit Anselme Jappe. Il est là, non pour nous chauffer l’âme, mais pour brûler nos vies et pour nous aveugler par le crétinisme télévisuel des médias de grand chemin.

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Quand Macron fait du saint-simonisme

Frédéric Rouvillois dit encore : « Comme Monsieur Jourdain faisait de la prose, Macron fait du saint-simonisme sans le savoir » (Figaro-vox, 27 septembre 2020). Cela va plus loin  que cela, et c’est encore plus grave que cela. L’utopie rationaliste et techniciste de Saint-Simon (le socialiste) se voulait un « nouveau christianisme » (1825). Avec Macron, c’est d’un anti-christianisme, ou d’un post-christianisme (car s’opposer suppose de connaître, ou d’être déçu, non d’être indifférent) qu’il s’agit. Ses mots d’ordre sont non seulement ceux du télétravail mais ceux de la télévie. Une vie désincarnée. « Eloignez-vous les uns des autres », « Suspectez tout le monde (de ne pas être vacciné, d’être ‘’un danger’’) », « Méfiez-vous de votre prochain », « Isolez-vous » et au final « Préparez-vous à la vraie vie dans le monde libéral : la guerre de tous contre tous ». C’est le refus de toute incarnation. C’est l’effacement de toutes les images fédératrices. C’est la destruction de toutes les formes instituantes : école, églises, histoire de France, élections prises au sérieux, fêtes solennelles. C’est la victoire de « ceux qui ont créé leur start up » sur « ceux qui ne sont rien » et qui pourtant sont tout le peuple. C’est la domination des arrogants improductifs voire nuisibles (les affairistes) sur les travailleurs, sur les producteurs. 

Les libéraux des deux rives contre le peuple et le politique

La politique Macron est le stade ultime du libéralisme et du capitalisme. Mais en quel sens ? C’est ici que nous voyions un tournant et une accélération dans les politiques libérales menées depuis 1983. Que s’est-il passé pour que le libéralisme devienne l’ennemi des libertés ? Il a fallu que le libéralisme fasse un constat. Le libéralisme se heurte à la résistance de la nature humaine. Qu’en conclut-il ? Qu’il faut changer la nature humaine. Tel est l’objectif de Macron et plus largement du Great Reset (la grande réinitialisation) de Klaus Schwab et Thierry Malleret (un livre publié en 2020).  Le libéralisme ne se remet pas en question. Il remet le réel en question. La société n’est pas conforme aux postulats libéraux ? Ne changeons pas le libéralisme, mais changeons la société. Les communistes ont parfois fonctionné de cette façon. En ce sens, les libéraux sont leurs élèves. Entendons : les élèves de ce que les communistes ont fait de pire.    

Les libéraux ont donc constaté que la société n’était pas entièrement conforme aux schémas libéraux. Il faut donc changer la société. C’est pourquoi le libéral-libertaire Macron, unissant les libéraux des deux rives, les fossoyeurs de la France des deux rives, les oligarques des deux rives (une affaire qui a mieux marché que la sympathique tentative de Jean-Pierre Chevènement en 2002 d’unir les « Républicains des deux rives »), appuyé sur le crétinisme et l’inculture des bobos,  veut donner au libéralisme un nouvel élan et ne peut le faire qu’en supprimant la démocratie, en la réduisant à des procédures hors sol, non représentatives.

C’est pourquoi la Ve République (qui n’était pas parfaite mais était un outil améliorable) a été vidée du   meilleur de son contenu, avec l’extension des pouvoirs du Conseil Constitutionnel, du Conseil d’Etat, des juges, avec le quinquennat et l’inversion du calendrier électoral, avec la transformation du poste de premier ministre en simple poste  de collaborateur (et pas le premier) du Chef de l’Etat, et avec bien entendu la tutelle de l’UE (si utile car déresponsabilisante).

Bilan : des élites robotisées et les robots contre la France. Les élites peuvent se permettre d’être anti-patriotes et hors sol, de partout et de nulle part. Le peuple ne le peut pas. « A celui qui n’a rien, la patrie est son seul bien. »[1].

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« Crise » du Covid et «crise » du climat comme moyen de tétanisation du peuple

En rendant les élections de plus en plus déconnectées du peuple (la grande majorité  des élus des chambres viennent des couches supérieures de la nation), en mettant dans les lois ordinaires toutes les lois d’exception  qui devaient être temporaires, liées au terrorisme, à la « crise » du covid[2], au « climat », la politique Macron vise aussi à sauver le capitalisme par une mutation totalitaire. Il s’agit de mêler fausse « urgence » écologique (alors que l’écologie sérieuse, c’est le long terme), réduite à ce qui intéresse le système, c’est-à-dire la « croissance verte » et non la relocalisation de nos économies et industries, et réformes sociétales consistant à mettre l’accent sur de faux problèmes (comme les inégalités de salaire homme-femme, qui sont depuis longtemps interdites par… le Code du travail).

S’ensuit tout un discours mensonger sur de soi-disant  « réfugiés » climatiques, prétexte à de nouvelles vagues migratoires, et sur un « changement » climatique d’origine seulement anthropique, hypothèse bien incertaine (le climat a tout le temps changé, et l’influence du soleil peut être infiniment plus importante que l’action humaine. Lire ou relire Emmanuel Le Roy-Ladurie sur le perpétuel changement du climat. En outre, un réchauffement n’a pas que des aspects négatifs). Tétaniser les hommes pour les neutraliser. Mondialiser tous les problèmes pour faire oublier que des solutions locales et démocratiques peuvent exister. Mais aussi préparer un nouvel âge du capitalisme. Voilà l’agenda Macron.

Vaccinations et lutte du Capital contre la baisse tendancielle du taux de profit

Nous avons souligné les limites de Marx quand il croit pouvoir déceler un mouvement téléologique dans l’histoire. Mais cela ne peut faire oublier que Marx est totalement pertinent quand il inscrit l’économie dans une anthropologie et une philosophie, inscription richement prolongé par de nombreux marxiens, tel Karel Kosik[3], Georg Lukacs, Tran Duc Thao, Roger Garaudy[4], Lucien Sève[5]… Il n’y a, comme le soutenait Raymond Abellio même après s’être détaché de certains aspects du marxisme, de solide théorie de la valeur que celle, marxienne, de la valeur-travail. En conséquence, est aussi pertinente la théorie de la plus-value et la loi de baisse tendancielle du taux de profit. Le jeu des tendances et contre tendances de cette loi garde une grande valeur explicative. Or, dans la mesure où l’économie capitaliste du monde occidental, et surtout européen est de moins en moins productive, le capitalisme a besoin d’être de plus en plus parasitaire, prédateur, improductif. Il a besoin de contrecarrer la baisse tendancielle du taux de profit. Et c’est là qu’arrivent les « vaccins ».

Un  vaccin obligatoire ou des vaccins obligatoires, et renouvelables plusieurs fois par an, constituent un formidable moyen de rétablir de hauts taux de profit dissociés de toute production socialement utile. Des profits sûrs avec la socialisation des risques et des éventuelles pertes (ou coûts de recherche), et avec la privatisation des profits. Processus classique d’un capitalisme de plus en plus ennemi de l’économie réelle, un capitalisme parasitaire et improductif qui a besoin de l’Etat pour restaurer ses profits, pour sauver les banques et les marchés financiers.

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Passe sanitaire, confinements et couvre-feu contre la révolte populaire

Le puçage généralisé de tous, et, au-delà de cela, le transhumanisme comme fabrication synthétique de soi et marchandisation de soi sont des moyens de relancer l’exploitation de l’homme en poussant l’aliénation jusqu’à la création d’un homme nouveau, simplifié, interchangeable, déshérité,  sans culture. Un homme en kit, dans lequel tout est amovible, y compris ses organes sexuels.  C’est ce qui se passe avec la stratégie dite « anti-covid », avec passe sanitaire puis passe vaccinal, couvre-feu et confinements (et pourquoi pas bientôt des confinements contre le réchauffement climatique, sachant qu’il y a déjà des interdictions de circulation ?).

Ce qu’ont entrepris Macron et l’Union européenne comme projet de long terme, c’est une guerre de liquidation anthropologique de l’homme comme lié à ses semblables c’est-à-dire d’abord à son peuple, et être d’héritage culturel, issu d’une histoire, bénéficiaire d’une transmission. Libéral, on pourrait penser que le pouvoir macronien est issu pourtant en ligne directe du libéralisme de Benjamin Constant. Mais il y a dans cela une cohérence : la logique du libéralisme est l’individualisme. Elle est le tout à l’ego. Sa logique est la dissociation et l’éclatement du lien social. Sa logique est l’atomisation des gens et des peuples. Sa logique mène donc à la mort des peuples et à l’individualisation de tout (d’où la destruction du Code du travail, la destruction de la Sécurité sociale, des retraites par répartition, etc). La logique du libéralisme comme individualisme et culte des idées abstraites est la suppression du passé. Voilà comment on tue une civilisation pour y substituer une sous-civilisation de gens pucés et sous surveillance continue. Voilà comment on crée un « parc humain », comme dit Peter Sloterdijk.  C’est pourquoi le libéralisme est contre les libertés et les peuples. Sa logique est orwellienne. 1984, nous y sommes.  

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Une nécessaire libération : se libérer du libéralisme pour se libérer du règne du Capital

Macron est l’actuel fondé de pouvoir de l’oligarchie. Un personnage anecdotique en un sens, mais si emblématique. Et c’est pourquoi il inspire les sentiments massivement hostiles que l’on peut constater chaque jour. Car la seule chose qu’il incarne, c’est justement l’abstraction, l’inhumanité et la brutalité de ce pouvoir oligarchique.

Le monde de Macron, c’est un libéralisme totalitaire au service de l’argent-roi. C’est pourquoi le réveil des solidarités locales et nationales est nécessaire. Il ne s’agit pas d’autre chose que d’une lutte de libération nationale et sociale.  « Il faut refaire des hommes libres. », disait Bernanos (La liberté, pour quoi faire ?, 1946). Cela ne se fera pas sans reconquérir nos libertés de peuple, nos libertés  nos libertés en commun.

PLV

Derniers livres de l’auteur : Eparpillé façon puzzle (Libres, 2022), La planète des philosophes (Dualpha, 2022), Métamorphoses de la ville (La barque d’or, 2021).

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Notes:

[1] Au moment où on débat des droits de succession sur les héritages, il faut savoir qu’un Français sur trois n’hérite de rien, et qu’un ouvrier et employé sur deux hérite de moins de 8000 (huit mille) euros (de quoi acheter une place de parking à Montélimar).

[2] le covid car c’est un virus et non la covid car qui dit virus ne dit pas forcément maladie]  (2 % seulement des entrées en hospitalisations en 2020 y sont liés, France-info 17-11-2021).

[3] La dialectique du concret, François Maspero, 1970, Les éditions de la Passion, 1988.

[4] Marxisme du XXe siècle, 10-18, 1966.

[5] Une introduction à la philosophie marxiste, éditions sociales, 1980.

jeudi, 30 mars 2023

Meloni sauve Macron de la haine populaire

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Meloni sauve Macron de la haine populaire

Augusto Grandi

Source: https://electomagazine.it/meloni-salva-macron-alle-prese-con-lodio-popolare/

Quel bel axe Rome-Berlin ! Il sera le centre de la nouvelle Europe. Le point d'appui du changement, du dépassement de la vieille logique et des alliances dépassées entre la France et l'Allemagne. Semaine après semaine, nous vantons l'intuition géniale de Giorgia Meloni qui avait parié sur l'opaque Scholz pour qu'il devienne le premier protagoniste de la scène européenne.

Contrordine, amis ! L'axe Rome-Berlin n'a jamais existé et Meloni a trouvé en Emmanuel Macron le partenaire idéal. Douce France, peut-être pas très tendre avec le président qui ignore le Parlement pour faire passer la réforme des retraites comme n'importe quel Fornero. Mais c'est justement le moment de faiblesse interne qui oblige le locataire malheureux de l'Elysée à chercher des alliances internationales. Échec de la campagne africaine, échec de la fausse tentative de médiation dans la guerre en Ukraine, échec de l'axe avec Scholz, échec du rêve d'un axe avec Madrid qui pourrait servir à quelque chose, il ne reste plus que la chance d'un rapprochement avec l'Italie melonienne.

En revanche, le système de retraite italien est plus pénalisant que celui imposé par Macron, le système de santé fait fuir médecins et personnels dans les deux pays, la délinquance dans les banlieues italiennes augmente même sans atteindre les niveaux de criminalité des banlieues de l'Hexagone: il y a de plus en plus d'affinités qui suggèrent un accord. L'Italie soutiendra le plan nucléaire transalpin, la France soutiendra (pour des intérêts qui sont aussi les siens) la bataille pour la défense du vin. Un accord industriel sera trouvé, sauvant peut-être quelques emplois dans l'ancienne Fiat francisée.

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En retour, Meloni convaincra Salvini de prendre ses distances avec Marine Le Pen pour ne pas perturber le massacre social macronien. Et Paris se montrera moins rigide dans le rejet des immigrés clandestins qui fuient l'Italie à la recherche de contrats de travail moins indécents.

Le nouveau pôle anti-populaire est né ! Allons enfants de la finance internationale. Le jour de la honte est arrivé...

lundi, 27 mars 2023

Macron détruit la France pour se sauver

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Macron détruit la France pour se sauver

Augusto Grandi

Source: https://electomagazine.it/macron-distrugge-la-francia-per-salvare-se-stesso/

Paris vaut bien une messe. Mais il n'est pas certain qu'elle vaille une réforme des retraites. Macron a tenté de distraire les Français avec son soutien garanti au fou de Kiev, mais cela n'a pas suffi. D'abord parce que les transalpins auraient pu, comme le veut la tradition, se réaligner et se recomposer pour une "guerre française". Mais cette guerre en Ukraine, c'est celle de Biden et de ses marionnettistes.  Et le pauvre Macron n'est qu'un majordome européen parmi d'autres. Les Français ne peuvent pas lui pardonner une telle perte de style.

Notamment parce qu'elle s'est accompagnée de la réduction progressive du rôle de Paris en Afrique.  D'abord en raison de l'influence économique chinoise, puis du rôle militaire russe à travers Wagner, et enfin de la tentative américaine de récupérer quelques positions.

Le président transalpin a donc dû s'occuper de questions intérieures. Et ce fut un désastre.  L'augmentation de l'âge de la retraite a été accompagnée par le soutien international de ceux qui - même en Italie - insistent pour s'accommoder d'une réalité qui est celle du passé. Il y a peu de jeunes et, par conséquent, ils ne peuvent plus payer les pensions de trop de personnes âgées. Le problème ne réside pas dans le nombre de jeunes, mais dans les emplois disponibles. Et quels sont les emplois disponibles?

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La robotisation élimine la classe ouvrière. Et l'intelligence artificielle éliminera bientôt une grande partie de la classe des cols blancs. Les tâches confiées aux humains seront réduites de manière drastique. Et celles effectuées par les machines augmenteront de manière disproportionnée.  Mais la réponse d'une politique tournée vers le passé est toujours la même: nous augmentons l'âge de la retraite pour éviter de payer des allocations mensuelles à un nombre croissant de personnes âgées.  Au lieu d'investir dans l'avenir, nous préférons économiser sur le présent. Au lieu d'essayer d'imaginer des métiers possibles, on continue à forcer les personnes âgées à rester attachées à leurs anciens emplois pour éviter que le patronat ne se renouvelle.

Aucun projet pour les nouvelles générations. Parce que la solution italienne, plus de précarité et moins de salaire, c'est de la merde.  Accompagnée de nouvelles vagues de migrants afin d'avoir une masse de gens désespérés à exploiter, puisque les jeunes Italiens ne veulent plus être exploités sans espoir de construire un avenir décent.

Il faut des idées, mais le président français préfère les gaz lacrymogènes et les matraques. Et qu'importe si les médecins français émigrent, tout comme les Italiens, à la recherche de meilleures conditions de travail et de salaires plus élevés? La France peut aussi augmenter l'immigration de toute façon.  Et comme, de toute façon, l'Italie est plus réticente à payer les jeunes et les immigrés, les étrangers hautement qualifiés et diplômés continueront à préférer l'Hexagone tandis que la Botte accueillera une main-d'œuvre de moindre qualité.

Des politiques à courte vue qui ne sauveront pas la France et encore moins l'Italie. Les Français l'ont compris et sont descendus dans la rue. Les Italiens ont préféré suivre les événements de la série télévisée Fedez.

lundi, 06 mars 2023

De l'Inde à l'Afrique, les tournées européennes ne sont pas à la hauteur des résultats annoncés

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De l'Inde à l'Afrique, les tournées européennes ne sont pas à la hauteur des résultats annoncés

Augusto Grandi

Source: https://electomagazine.it/dallindia-allafrica-i-tour-euro...

Lady Garbatella (= Giorgia Meloni) s'envole pour l'Inde et les clercs de la désinformation italienne assurent que les résultats certains de cette visite inclueront la condamnation de la Russie par New Delhi.  Manifestement, le premier ministre indien ne suit pas les médias italiens et n'exprime donc pas la moindre condamnation de Moscou avec qui, au contraire, les relations économiques et financières se sont intensifiées depuis le début de la guerre en Ukraine.  Il est vrai que ce n'est pas Meloni qui s'est lancé dans des annonces dépourvues de signification, mais un démenti de temps en temps, son service de presse peut tout de même essayer d'en faire un.

Mais ce n'est pas comme si, sur la scène internationale, le rival de Lady Garbatella, Emmanuel Macron, faisait mieux, puisqu'il est en tournée en Afrique pour faire oublier les manifestations qui se succèdent sur le sol français et récupérer un peu d'espace et de crédibilité sur le continent noir où sévissent la Chine et la Russie, mais aussi l'Inde et la Turquie. Le pauvre Macron arrive au Gabon et l'accueil est froid. Puis, pourtant, l'environnement se réchauffe en République démocratique du Congo. Pas dans le sens espéré par le président français.  Il est interpellé et insulté par une population qui accuse l'Hexagone de soutenir le Rwanda, coupable d'avoir perpétré des massacres au Congo.

Pour compléter le tableau des difficultés croissantes de la politique étrangère d'une Europe au service de Washington, l'ONU condamne la politique répressive menée par le gouvernement algérien.  Mais comment ? L'Algérie tant encensée par Lady Garbatella et les ministres du gouvernement de droite et du centre, avec le soutien total des clercs de la désinformation italienne, pourquoi nous vend-elle à un prix élevé le gaz que nous achetions auparavant à un prix beaucoup plus bas à la Russie ?  L'Algérie, partenaire clé du fantômatique "plan Mattei" ?

Il est évident qu'il s'agit d'une sale manœuvre de Poutine, qui contrôle l'ONU, pour mettre sous un mauvais jour un pays ami de l'Italie atlantiste.  Dommage qu'en réalité Alger soit un partenaire stratégique de Moscou.  Mais cela a dû échapper aux clercs du journalisme italien.

mardi, 22 novembre 2022

Macron et la providentielle punition des Français

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Macron et la providentielle punition des Français

Nicolas Bonnal

Les Français ont élu et réélu Macron après avoir voté Hollande et Sarkozy. En 2007 ils ont voté pour les trois candidats ultra-européens après avoir soi-disant refusé l’Europe (distrait référendum de 2005). Depuis Mitterrand ils se considèrent comme écologistes, antiracistes, socialistes, européistes, mondialistes, sauf une faible minorité fascisée d’abord puis traitée de complotiste. Depuis 1984, date du départ des cocus communistes et de l’arrivée au pouvoir de Fabius, il y a un seul parti, celui des « élites mondialisées », comme disait un hiérarque républicain. Mais le peuple parfaitement enthousiaste dont a parlé Céline vote et revote pour le même casse-pipe. Avec Macron on a passé les bornes (sic) : comme disait Roland Hureaux, on a voté pour le candidat de l’ultra-finance en 2017, qui était, comme par hasard, aussi le candidat de l’ultragauche sociétale. Je ne fais aucune différence entre Macron, LR (Sarkozy non plus d’ailleurs) et LFI. Tout cela est un sac à puces socialiste, un sac à malices mitterrandien (cf. mon « grand initié »).

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Aujourd’hui cet idéalisme mitterrandien passe facture : pauvreté, misère, « remplacement » (petit ou grand, alors ?), insécurité, évanouissement militaire, disparition diplomatique et même pénurie de courant et de nourriture. Ran-Tan-Plan « sent confusément quelque chose », mais on ne voit personne se soulever, on est comme dans le texte cauchemardesque de l’Anglaise de Taine dont j’ai parlé maintes fois : des élites folles et un peuple distrait.

Mais Macron j’ai fini par l’apprécier : il va ruiner le Français et le faire souffrir. Et l’autre ne va pas réagir. Il a donc une fonction providentielle, et on sait que la Providence utilise toutes sortes d’outils pour taper sur les imbéciles dont elle a marre.

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C’est le moment donc de relire le début des Considérations sur la France de Joseph de Maistre. Il écrit sur les acteurs de la Terreur révolutionnaire :

« Enfin, plus on examine les personnages en apparence les plus actifs de la révolution, et plus on trouve en eux quelque chose de passif et de mécanique. On ne saurait trop le répéter, ce ne sont point les hommes qui mènent la révolution ; c'est la révolution qui emploie les hommes. »

Et Maistre décrit la méritée punition qui arrive sur tous ces froncés toujours sanguinaires à force d’humanitaire (à Berlin ? A Moscou ! Pendons Poutine à Nuremberg !) :

« On dit fort bien, quand on dit qu'elle va toute seule. Cette phrase signifie que jamais la Divinité ne s'était montrée d'une manière si claire dans aucun évènement humain. Si elle emploie les instruments les plus vils, c'est qu'elle punit pour régénérer. »

Monarchiste et chrétien, Maistre reconnait (on est en 1797) les crimes de la France :

« Chaque nation, comme chaque individu, a reçu une mission qu'elle doit remplir. La France exerce sur l'Europe une véritable magistrature, qu'il serait inutile de contester, dont elle a abusé de la manière la plus coupable. »

La France aura dit-il démoralisé l’Europe :

« La France était surtout à la tête du système religieux, et ce n'est pas sans raison que son Roi s'appelait très-chrétien : Bossuet n'a rien dit de trop sur ce point. Or, comme elle s'est servie de son influence pour contredire sa vocation et démoraliser l'Europe, il ne faut pas être étonné qu'elle y soit ramenée par des moyens terribles. »

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Et si en effet le mitterrandisme ou le coq hérétique avait depuis les années 80 et 90 salement transformé l’Europe : humanitaire, autoritaire, belliciste, jacobine et surtout sociale ? Le néolibéralisme a été simplement une invitation socialiste faite aux politiques de se remplir les poches. Lisez les livres de Hocquenghem et de mon éditeur Thierry Pfister qui en parlèrent très bien de cette gauche caviar.

Certes il n’y a pas que des enthousiastes mondialistes de gauche et d’extrême-gauche en France. Mais ils ne seront pas épargnés. Maistre écrit aussi dans la Deuxième soirée que la mort d’un juste sur un champ de bataille n’est pas une injustice, mais un malheur.

Mais le reste va être puni ; il ajoute, toujours dans ses Considérations :

« Depuis longtemps on n'avait vu une punition aussi effrayante, infligée à un aussi grand nombre de coupables. Il y a des innocents, sans doute, parmi les malheureux, mais il y en a bien moins qu'on ne l'imagine communément. »

Puis Maistre remarque que l’armée (déjà déshonorée, en France on aime ça) n’a pas protégé son roi ; mais que personne n’en a fait autant que les savants (ah Lavoisier, ah Monge, ah Cuvier…) :

« On gémit de voir des savants illustres tomber sous la hache de Robespierre. On ne saurait humainement les regretter trop ; mais la justice divine n'a pas le moindre respect pour les géomètres ou les physiciens. Trop de savants français furent les principaux auteurs de la révolution ; trop de savants français l'aimèrent et la favorisèrent, tant qu'elle n'abattit, comme le bâton de Tarquin, que les têtes dominantes. »

Parodions alors Jules Laforgue : ô médecins des plateaux télé ! O chasseurs de non-vaccinés et de légions d’honneur ! O grands amateurs de subventions et de commissions des labos !

Sur l’armée (pensons à la nôtre en ce moment, si otanesque et nulle) :

« L'indifférence de l'armée ne fut pas moins remarquable. Elle servit les bourreaux de Louis XVI bien mieux qu'elle ne l'avait servi lui-même, car elle l'avait trahi. On ne vit pas de sa part le plus léger témoignage de mécontentement. Enfin, jamais un plus grand crime n'appartint (à la vérité avec une foule de gradations) à un plus grand nombre de coupables. »

J’en termine avec cette phrase du maître (dont un descendant je crois fut compromis sous Sarkozy) :

« Un des plus grands crimes qu'on puisse commettre, c'est sans doute l'attentat contre la souveraineté, nul n'ayant des suites plus terribles. »

Le moins que l’on puisse dire c’est que nos élites n’en ont plus rien à faire de notre souveraineté (je joue sur les mots, mais pas tant que ça). Le peuple aussi semble s’en foutre qui fuit comme la peste les candidats souverainistes dotés de scores comiques aux élections.

Macron va donc pouvoir finir de punir les Français : ils auront le sort du chien et du loup de La Fontaine, la laisse électronique et la misère. Mais ils s’y habitueront et revoteront pour lui ou pire (mon rêve serait Rousseau, la bien nommée). Les amateurs de Schadenfreude en seront pour leurs frais. Les autres iront en Floride ou à Madagascar.

Sources:

https://www.bvoltaire.fr/macron-nest-centre-dextreme-gauc...

https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/f/fc/Maist...

https://www.amazon.fr/Mitterrand-grand-initi%C3%A9-Nicola...

 

 

jeudi, 08 septembre 2022

De Macron à Mitterrand : remarques sur la dictature pérenne du parti socialiste en France

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De Macron à Mitterrand : remarques sur la dictature pérenne du parti socialiste en France

Nicolas Bonnal

Quelques analystes de papier-mâché vantaient la disparition du parti socialiste en France. En réalité il est puissant comme jamais, en France, en Allemagne ou en Amérique. Car le parti socialiste ou la social-démocratie est le parti de la Fin des Temps, le parti de l’Etat omniprésent et forcené, et de la guerre éternelle (pour Rothbard et les libertariens américains). Le PS en France comme la SPD en Allemagne ou le parti démocrate en Amérique constituent aussi l’armature de l’Etat profond de ces malheureux pays et il semble qu’ils agissent comme une tunique de Nessus dont on ne puisse jamais se débarrasser. C’est que la masse des cancres vote pour eux et que la droite crève (rêve).

Il y a quelques mois l’excellent et bon communiste Régis de Castelnau écrivait : "La campagne de l’élection présidentielle 2022 est un grand révélateur de la déshérence politique dans laquelle se trouve notre pays. En 2017, un trio constitué de la haute fonction publique d’État, de l’oligarchie économique et de la magistrature politisée, a organisé de longue main un coup d’État pour faire élire à la magistrature suprême un parfait inconnu. S’appuyant sur l’essentiel de l’armature politique du Parti socialiste, Emmanuel Macron a ainsi réalisé un hold-up mettant la dernière main à la destruction des institutions républicaines."

J’avais un grand-oncle jadis, inévitable retraité de la fonction publique, qui me disait voter socialiste car c’était le parti fourre-tout. De fait ça l’est.

Le PS est le parti de la ponction publique et des retraités.

C’est le parti des boomers et des octogénaires ludiques façon Cohn-Bendit.

C’est le parti des affairistes et des magouilleurs (relisez les Montaldo)

C’est le parti des écolos, des antiracistes et des féministes, le parti du sociétal déstructurant.

C’est le parti de l’américanisation à mort.

C’est le parti bourgeois héritier de la bohême et de la Terreur révolutionnaire.

C’est le parti de la conspiration et de l’occultisme (Muray en a bien parlé dans son Dix-neuvième et moi dans mon Mitterrand).

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Le PS est aussi le parti de la désindustrialisation. On avait un déficit commercial de cent milliards en 1982 ; aujourd’hui on est à 150 milliards de francs mensuels.

Enfin c’est le parti des envahisseurs. 92% des musulmans ont voté pour Hollande en 2012, Hollande qui a sonné le glas de la France.

Le PS contrôle l’Elysée avec Macron et ses acolytes du business, et aussi l’opposition avec l’ineffable Mélenchon, monsieur antiracisme des années 80. Il contrôle aussi la républicaine fille Le Pen (la Marine, je lui dis merde comme Escartefigue, moi qui ai une carte du père me demandant d’être candidat) et ce troupeau d’assistés républicains dont Tocqueville a si brillamment parlé :

« Au-dessus de ceux-là s'élève un pouvoir immense et tutélaire, qui se charge seul d'assurer leur jouissance et de veiller sur leur sort. Il est absolu, détaillé, régulier, prévoyant et doux. Il ressemblerait à la puissance paternelle si, comme elle, il avait pour objet de préparer les hommes à l'âge viril; mais il ne cherche, au contraire, qu'à les fixer irrévocablement dans l'enfance; il aime que les citoyens se réjouissent, pourvu qu'ils ne songent qu'à se réjouir. Il travaille volontiers à leur bonheur; mais il veut en être l'unique agent et le seul arbitre; il pourvoit à leur sécurité, prévoit et assure leurs besoins, facilite leurs plaisirs, conduit leurs principales affaires, dirige leur industrie, règle leurs successions, divise leurs héritages; que ne peut-il leur ôter entièrement le trouble de penser et la peine de vivre? »

Le reste est toujours d’actualité, sauf que le troupeau n’est plus du tout industrieux comme on sait :

« Après avoir pris ainsi tour à tour dans ses puissantes mains chaque individu, et l'avoir pétri à sa guise, le souverain étend ses bras sur la société tout entière; il en couvre la surface d'un réseau de petites règles compliquées, minutieuses et uniformes, à travers lesquelles les esprits les plus originaux et les âmes les plus vigoureuses ne sauraient se faire jour pour dépasser la foule; il ne brise pas les volontés, mais il les amollit, les plie et les dirige; il force rarement d'agir, mais il s'oppose sans cesse à ce qu'on agisse; il ne détruit point, il empêche de naître; il ne tyrannise point, il gêne, il comprime, il énerve, il éteint, il hébète, et il réduit enfin chaque nation à n'être plus qu'un troupeau d'animaux timides et industrieux, dont le gouvernement est le berger. »

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Que le berger gouvernemental du reste, sur ordre de Fink, de Blinken, d’Harari et de Klaus Schwab mène son troupeau à l’abattoir, ce n’est plus moi qui m’y opposerai. Marre d’être traité de facho pour exiger du chauffage en hiver ; pas assez PS pour ça.

Comme disait Vigny : « vous ne recevrez pas un cri d’amour de moi ».

Sources:

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https://www.vududroit.com/2022/09/jean-luc-melenchon-en-m...

 

samedi, 30 juillet 2022

La loi Macron pour "augmenter le pouvoir d'achat" - L'agenda néolibéral se poursuit en France

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La loi Macron pour "augmenter le pouvoir d'achat" - L'agenda néolibéral se poursuit en France

Par Sebastian Chwala

Source: https://geopol.pt/2022/07/28/lei-de-macron-para-aumentar-...

Après avoir perdu sa majorité parlementaire au profit de l'alliance électorale, le parti "Ensemble pour la majorité présidentielle" du président français Emmanuel Macron est confronté à un sérieux problème. Les "Macronistes" ont besoin d'emprunter des voix à d'autres groupes parlementaires afin de mettre en œuvre leurs projets législatifs. Le premier paquet législatif de Macron, qui promettait entre autres aux Français une prétendue augmentation de leur pouvoir d'achat, a été adopté cette semaine. Le président français pourrait compter sur les votes du Rassemblement national de Marine Le Pen

Dans les médias allemands, la loi Macron sur l'augmentation du pouvoir d'achat a été remarquée, mais le reportage s'est réduit au mieux à évoquer la suppression de la redevance pour la télévision d'État, qui a finalement été décidée. En vérité, cependant, il s'agissait d'un premier test de force entre le parlement et les "macronistes" et a montré que de véritables lignes de front existent entre le gouvernement nommé par Macron et les factions présentes au Parlement. Il est frappant de constater que seule l'alliance de gauche NUPES a constamment soulevé la question sociale et a voulu transformer les spéculateurs du coût de la vie en fanfarons socialement responsables. En revanche, les ultra-droitiers sous la forme du Rassemblement national (RN), qui a été massivement renforcé lors des élections législatives, ont joué le rôle attendu et ont déclaré leur soutien au modèle néolibéral de Macron.

Le pouvoir d'achat ne sera pas renforcé - l'accent est mis sur la compétitivité

L'annonce d'une loi pour le renforcement du pouvoir d'achat était la seule promesse concrète que la "majorité présidentielle" avait évoquée lors de la campagne électorale des législatives. Les projets de cette loi étaient donc attendus avec impatience. Certes, le projet de loi est tout à fait conforme à la ligne économique de Macron adoptée lors de la dernière législature. Avant tout, il faut sauver les entreprises, tandis que les coûts de la crise doivent être portés par les masses.

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Déjà au cours des deux dernières années de Covid, l'administration Macron a déboursé 100 milliards d'euros d'aide économique. En revanche, seuls 900 millions d'euros ont été consacrés à des mesures sociales visant à amortir l'impact de la crise sanitaire pour les personnes au bas de l'échelle sociale. En revanche, malgré la pandémie, les grandes entreprises françaises cotées en bourse ont réalisé des bénéfices records de l'ordre de 174 milliards d'euros en 2021. Alors que l'autorité nationale des statistiques menace d'une augmentation de l'inflation allant jusqu'à 7% d'ici la fin de l'année, les plans des "macronistes", en revanche, ne prévoient aucune augmentation de salaire pour les travailleurs.

Ils ne prévoient pas non plus de gel des prix de l'énergie ou des denrées alimentaires, ni de plafonnement des loyers. Les taux d'augmentation autorisés pour les hausses de loyer doivent être gelés à 3,5 % et compensés par une augmentation correspondante de l'allocation de logement. Dans la fonction publique, il y aura également une légère augmentation de salaire. Mais ici, les salaires nominaux sont déjà gelés depuis 2010. Une augmentation du pouvoir d'achat se présente différemment. De même, l'augmentation des prestations sociales restera inférieure au taux d'inflation; de plus, les bénéficiaires de prestations sociales ne recevront que de faibles paiements ponctuels après les vacances d'été.

Une augmentation significative du salaire minimum est résolument rejetée par les macronistes. La NUPES avait demandé une augmentation pour passer de 1.300 à 1.500 euros nets. Mais là aussi, le "macronisme" opte pour une autre voie. Au lieu d'une augmentation permanente des salaires réels, le camp présidentiel préconise des primes. Celles-ci devraient être exonérés d'impôts et de cotisations jusqu'à un montant de 6000 € jusqu'en 2024. Toutefois, les entreprises devraient être autorisées à les payer volontairement. Cela ne crée pas un droit légal à des salaires plus élevés en permanence. En outre, les experts estiment que l'extension de ces modèles de primes entraînerait une perte annuelle de dix milliards d'euros pour le secteur public, tandis que les employés n'acquerraient aucun droit à une augmentation des allocations de chômage ou de l'assurance pension. Le gain économique pour les employés en particulier sera donc assez modeste.

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Macron avait déjà rendu possible des primes spéciales défiscalisées en 2019 en réponse aux manifestations des gilets jaunes. Toutefois, en moyenne, les paiements uniques dépassent rarement 500 €. Dans le même temps, une augmentation potentielle de la "taxe sociale", qui existe depuis le début des années 1990 et qui s'ajoute à la TVA, menace d'engloutir à nouveau ces primes. Le macronisme adhère ainsi à son dogme de la nouvelle législature selon lequel ce ne sont pas les salaires qui doivent augmenter, mais c'est la compétitivité prétendument trop faible des entreprises françaises qui doit être accrue. Par conséquent, les coûts non salariaux de la main-d'œuvre devraient être davantage réduits.

Si l'on inclut tous les différents programmes d'allègement, tels que les programmes de crédit d'impôt, la part des coûts de main-d'œuvre non salariaux, notamment pour les bas salaires en France, n'est que légèrement inférieure à sept pour cent. Toutefois, les effets sur la croissance de l'emploi ont été marginaux. D'autre part, les nouveaux déficits des caisses de sécurité sociale sont susceptibles de conduire à de nouveaux débats sur les réductions de prestations et les coupes sociales dans un avenir proche. Dans un autre ordre d'idées, les chômeurs risquent d'être poussés encore plus loin dans le secteur des bas salaires ou des faux emplois indépendants, car tout ce qui crée du travail est "social" pour Macron.

Ainsi, après qu'il a été révélé qu'il avait des relations exclusives avec les lobbyistes de la grande entreprise américaine Uber pendant son temps comme ministre sous François Hollande, Macron a confirmé la justesse de sa décision d'ouvrir le marché français à cette compagnie de taxis. L'entreprise recrutait ses chauffeurs principalement dans les "banlieues" françaises. Cependant, de nombreux chauffeurs n'ont jamais pu couvrir les coûts liés au statut de chauffeur indépendant avec la rémunération accordée par Uber. C'est pourquoi il y a même eu un mouvement de protestation contre Uber pendant une courte période, mais il s'est à nouveau effondré en raison de la forte dépendance des chauffeurs.

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Malgré la majorité de droite : l'alliance de gauche NUPES obtient quelques améliorations

Le paquet législatif de Macron n'a pas passé le parlement français sans changement dans la nuit de mardi à mercredi. L'alliance de gauche NUPES a réussi à faire passer quelques corrections mineures toutefois non négligeables. Par exemple, les coûts supplémentaires résultant de l'augmentation du nombre de logements et des prestations sociales seront désormais remboursés aux municipalités et aux départements. À cette fin, 300 millions d'euros ont été inclus dans le budget supplémentaire. Cette résolution porte également préjudice au "Macronisme" sur le plan politique, puisque la nouvelle faction "Horizons" de l'ancien Premier ministre Édouard Philippe, qui se considère de facto comme faisant partie du camp présidentiel, a voté pour cet amendement.

Puisque Macron n'est pas autorisé à se représenter en 2027, de nombreux observateurs supposent que Philippe veut s'échauffer pour une candidature. Pour gagner en visibilité, il est donc nécessaire de s'émanciper du noyau dur du "macronisme", même par étapes. En outre, les subventions aux familles qui se chauffent au mazout ont été augmentées de 50 à 230 millions d'euros. Par la suite, une nouvelle augmentation de l'abattement fiscal pour les sociétés d'huiles minérales a également été ajoutée, passant de 18 à 30 cents par litre. Ce compromis avec les "Républicains" post-gaullistes devrait assurer au camp présidentiel une majorité pour l'ensemble du paquet.

Le RN de Le Pen approuve la loi néolibérale du camp Macron

En réalité, cependant, cela n'aurait pas du tout été nécessaire. Comme annoncé à l'avance par l'ancienne candidate à la présidence et actuelle chef du groupe parlementaire, Marine Le Pen, le RN a accepté tous les points essentiels des propositions "macroniennes". Le parti qui, au plus tard depuis que Marine Le Pen a repris la présidence du FN à son père en 2011, veut se présenter comme le seul vrai représentant des "petites gens", n'a pas accepté une augmentation du salaire minimum, comme le réclamait le SNUEP, et n'a pas non plus voulu accepter des motions limitant les loyers et les prix de l'énergie, là encore le SNUEP en était l'auteur. Même le renforcement financier des villes, des communes et des départements n'a pas fait l'objet d'un accord.

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Le RN a complètement rempli son rôle "bonapartiste". L'obtention des 89 mandats parlementaires du RN est étroitement liée à une forte attitude "anti-élitiste" au sein de la société. Mais dès qu'il a atteint l'Assemblée nationale, le parti s'est présenté comme l'allié le plus solide des élites lorsqu'il s'agissait de préserver l'ordre économique et social existant. Bien qu'il n'existe pas encore d'alliance formelle entre le camp présidentiel et les autres factions, il est clair que la domination du camp de droite sur toutes les questions économiques est tangible.

La suppression des redevances de diffusion

La mesure dans laquelle le RN est un parti pour les élites est également visible dans la question de la redevance audiovisuelle, qui a été abolie au Parlement contre l'opposition de la gauche, perfidement présentée comme un soulagement pour les faibles revenus. En outre, il n'est pas clair comment les fonds nécessaires peuvent maintenant être mis à disposition sans devoir réduire le personnel ou la programmation. Ici, RN appelle même à la privatisation de grandes parties du radiodiffuseur public. Bien sûr, la domination politique des médias publics par les institutions étatiques est massive en France, comme en Allemagne, et les reportages véritablement critiques et équilibrés n'existent que dans certaines niches.

Toutefois, il serait désastreux de laisser la production de rapports aux seuls acteurs du secteur privé, dont les antécédents ne sont guère meilleurs. Quelques familles fortunées dominent le paysage médiatique français. Les campagnes des journaux et des chaînes de télévision contre la candidature de Jean-Luc Mélenchon, et aussi plus tard de la NUPES, visaient principalement à empêcher une politique économique de gauche, sociale-démocrate et orientée vers la demande. La présence d'un réseau de médias publics permet de compenser, dans une certaine mesure, cette partialité des reportages dans les produits médiatiques privés, qui ne sont pas seulement censés produire des rendements, mais représentent également les objectifs idéologiques des propriétaires.

Un exemple de l'évolution très problématique du marché français des médias est le rôle de Vincent Bolloré, dont les positions politiques d'ultra-droite sont largement connues et qui a pu utiliser son réseau de diffusion pour présenter au grand public le journaliste de télévision d'extrême-droite Eric Zemmour, lui permettant ainsi de préparer sa candidature aux élections présidentielles de 2022.

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Un autre exemple de la difficulté de concilier des positions de gauche ou du moins progressistes dans les médias est démontré par une controverse entre le comité de rédaction et la direction du quotidien de gauche traditionnel Libération, où le comité de rédaction a dû accepter les accusations de la direction selon lesquelles il prenait un cap trop favorable à Mélenchon et faisait ainsi fuir les investisseurs potentiels. Ce conflit a eu un effet perturbateur. Les journalistes du quotidien Libération, plutôt orienté social-démocrate, qui ne font certainement pas partie des plus grands amis politiques de Jean-Luc Mélenchon, n'ont osé que souligner leur propre profil pendant la campagne des élections législatives et s'opposer aux médias de droite un peu en avance sur eux en rendant compte de manière factuelle et juste du programme NUPES.

Ainsi, la gauche française fait bien de soutenir les médias qui ne sont pas sous le contrôle de gros magnats, même si la relation entre les reportages objectifs et les décideurs politiques est toujours un terrain de conflit. Les droits de diffusion sont toutefois des ressources financières qui permettent un certain degré d'autonomie.

NachDenkSeiten

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vendredi, 17 juin 2022

De la génération Mitterrand au peuple nouveau de Macron

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De la génération Mitterrand au peuple nouveau de Macron

Nicolas Bonnal

Le peuple nouveau n’a pas fini de nous étonner avec son crétinisme électoral : il est de gauche ou d’extrême-gauche bien tempérée, écolo, russophobe, américanisé jusqu’à l’os, pleurnichard humanitaire. Il est super ce peuple. Et il est prêt à vivre sans rire de l’éolienne et de la bicyclette (pour repousser Poutine et la Chine avec Biden ?) avant de se coller antenne et puce dans son cerveau branché.

La droite BCBG et attardée est bien attrapée et découvre que le peuple nouveau dont a parlé Macron donc ne veut plus d’elle : ce peuple nouveau veut du Reset de la pénurie écologiquement programmée ; ce peuple nouveau, abstentionniste ou pas, veut terminer le grand remplacement ; le peuple nouveau adore la dictature sanitaire (vite le vaccin obligatoire) et il veut de la tyrannie bureaucratique de Bruxelles et de la guerre éternelle US contre la Russie, condition du maintien de la caste au pouvoir (comme le rappelle Orwell) ; le peuple nouveau woke, féministe (Chesterton annonçait que sous le règne de l’ogresse américaine nous ne serions plus des citoyens mais des enfants) et humanitaire a même remplacé le vieux peuple de droite sur la côte d’azur, comme vient de s’en rendre compte l’infortuné Zemmour qui aurait dû se contenter de rédiger des brochures touristiques, seule destination légitime des amateurs d’histoire aujourd’hui ; car le reste est bon pour la culture de l’annulation. Je dis cela sans animosité car j’ai plus retenu enfant de mes lectures du guide vert Michelin que de mes manuels Malet-Isaac.

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Mais j’ai parlé de Mitterrand et de sa génération. C’est bien lui l’oncle de Mélenchon et le grand-père de Macron.  Il me semble que son ombre s’est étalée partout, que son bras s’est allongé, comme dit Gandalf. Et j’ai expliqué pourquoi jadis : Mitterrand avait fondé une religion New Age et rétrofuturiste bien plus efficace que toutes les autres réunies. Mélenchon incarne la génération Mitterrand, la génération des potes et du trotskisme, de SOS Racisme et du mondialisme ; mais Macron aussi, qui incarne le mariage de la gauche caviar et du mondialisme américano-bruxellois. Sous Mitterrand, après le départ des communistes qui avaient énervé plus qu’effrayé les bourgeois, ce petit monde s’est entendu. Et le peuple petit-bourgeois bohême a pris de la graine.

Mitterrand est le père du PS, le parti attrape-tout, qui s’est toujours très bien entendu avec les milliardaires (la fortune de Bernard Arnault a été multipliée par cent en quarante ans) qui ont frayé depuis cette époque bénie avec les hauts fonctionnaires mondialisés et désireux de ne plus se contenter de miettes : ils bradent le patrimoine national et empochent la commission. Cela n’a pas empêché le bon peuple de voter et de rester socialo et mitterrandien : il est bien passé des ténèbres à la lumière.

Sources :

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lundi, 13 juin 2022

De la "webocratie"

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De la "webocratie"

Au milieu des difficultés, des embarras et des hypocrisies d'une classe politique culturellement désarmée, coupable d'avoir sous-estimé de manière flagrante la relation entre la démocratie et la diffusion du savoir, incapable de réguler les géants du numérique, nous nous retrouvons dans la fâcheuse situation de la fameuse grenouille bouillie à petits feux doux.

Luca Giannelli

Source: https://www.dissipatio.it/macron-webcrazia-digitale-occidente/

Il y a quelques années, lors d'une de ses proverbiales conférences de presse, Jean-Luc Godard racontait comment, dès son plus jeune âge, ses parents lui reprochaient de toujours raconter des histoires, tout le contraire de ce que les critiques les plus obtus lui reprochaient : ne pas raconter d'histoires du tout, faire des films sans structure narrative conventionnelle. Raconter des histoires, disait l'écrivain Bernard Malamud, est un moyen de trouver un sens à la vie. Pour le président français Macron, cela semble être le moyen de trouver un sens à la politique :

    "Nos sociétés post-modernes ne sont pas sécularisées mais ont émergé d'un grand récit qui était religieux. Le 20e siècle a connu d'autres récits, après le grand récit de l'émancipation, le grand récit des totalitarismes, et collectivement nous avons pensé que la fin des totalitarismes passait par la fin des grands récits".

    Le Monde diplomatique, mars 2022

Le président français est très occupé dans sa tentative de marcher sur la ligne fantômatique entre modernité et postmodernité. Lui qui, en 2017 déjà, allait au cœur du problème : "Nous avons (de toute urgence) besoin d'un grand récit" (Der Spiegel, 14 octobre 2017).

Issu d'une certaine culture constructiviste d'outre-mer, encline à revisiter le passé avec un goût ironique et populaire en réaction aux dogmes rationalistes, le terme "postmodernisme" a fait son entrée dans le monde intellectuel dans les années 1970, jusqu'à être systématisé comme une véritable "condition", en tant que catégorie "post-narrative" à part entière, à la fin de la même décennie, par le philosophe français Jean-François Lyotard, qui a su capitaliser sur un essai de 1967 de Rorty dans l'introduction de The Linguistic Turn, dans lequel il prédisait la fin de la philosophie dans un monde où la communication avait pris la place de l'expression.

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Plaçant les "récits" des Modernes à l'origine des dogmatismes et de toutes les dérives politiques du XXe siècle (totalitarismes, guerres et autres méfaits divers), Lyotard propose une attitude de détachement vis-à-vis de termes philosophiques galvaudés comme "vérité", "réalité" ou "objectivité", régulièrement "cités". Cela a donné lieu à un débat très local entre la pensée "faible" et la pensée "forte" (en un mot, entre le relativisme et le fondamentalisme, ou, si vous préférez, entre Nietzsche et Parménide, avec Heidegger agissant comme un roc ambigu et encombrant), qui avait pour porte-parole Gianni Vattimo et Emanuele Severino. C'était le débat classique en noir et blanc, capable de produire surtout des fleuves et des fleuves d'encre (ceux des pages d'Alfabeta constitueraient à eux seuls une jungle) dont on s'est vite rendu compte qu'il n'y avait pas grand-chose à chérir, mais qui, dans l'ensemble - le pouvoir de la communication - a fini par fonctionner comme un alibi culturel pour un certain yuppisme rampant, une sorte d'incubateur de la pop italienne si en vogue aujourd'hui, un épigone à faible intensité du camp américain des années 1960.

Une sorte de nivellement, mais pas dans le sens où Totò l'entendait. Tout a la même valeur, tout peut être interprété et doit être traité exactement de la même manière. Ayant dépassé la verticalité de l'art et de l'histoire au nom d'une nouvelle horizontalité citationniste, toute hiérarchie culturelle sautée, les critiques élevés au rang d'artistes, selon l'hétérogénéité des fins la plus canonique, la "condition postmoderne" a ainsi transcendé la dimension critique de Lyotard, pour en arriver à la joyeuse justification du désengagement: comme le dit Jameson, la philosophie de la globalisation, capable de servir de toile de fond à l'ère de la production flexible. En fin de partie, de l'univers postmoderniste sont nées des montagnes de malentendus sur les cendres d'une modernité qui se voulait dépassée mais qui, idéologies mises à part, restait elle-même indéfinie, prisonnière des milliers de distinctions et d'interprétations auxquelles elle continue d'être soumise. Un peu comme le quintet, le jeu mystérieux du film le plus "nocturne" de Robert Altman, celui auquel tout le monde joue mais dont personne ne connaît les règles.

A-2669169-1332067619.jpgQuelque quarante ans après l'essai de Lyotard, on peut se demander s'il est encore possible de qualifier notre condition de "postmoderne". Plus que jamais, marqués que nous sommes par des urgences économiques, pandémiques, guerrières et diplomatiques dont le résultat, pour une fois, ne peut être que d'exaspérer des processus déjà en cours, dans les difficultés, les embarras et les hypocrisies d'une classe politique culturellement désarmée... coupable d'avoir sous-estimé de manière flagrante la relation entre la démocratie et la diffusion de la connaissance, aux prises ces dernières années avec une "société civile" qui s'est souvent révélée peu civilisée, incapable de réguler les géants du numérique au point de se retrouver dans la fâcheuse situation de la fameuse grenouille bouillie à petits feux doux.

Une fois que l'on a réalisé à quel point la fracture numérique a contribué à accroître le fossé entre les riches et les pauvres, entre ceux qui savent et ceux qui ne savent pas, à augmenter les processus d'atomisation et les effrayantes multiplications du moi, l'objectif des dirigeants ne semble pas être de capturer et de répandre la connaissance mais de la contenir et de gérer le consensus. Car c'est paradoxalement la "sphère publique" elle-même qui est entrée en crise, avec la dictature des algorithmes et la logique rudimentaire du "j'aime - je n'aime pas", réduite désormais à des micro-récits consommés par des selfies et des posts dans un présent qui ne pense même pas à faire l'histoire. Contrairement à ce qu'espéraient non seulement certains pionniers américains des années 1970 comme Stewart Brand, mais aussi de nombreux technocrates purs et durs comme le magazine Wired qui, en mai 2009 encore, consacrait sa couverture au "Nouveau Socialisme", Internet n'a conduit ni à une plus grande diffusion de la culture, ni à la croissance d'une opinion publique comprise comme le reflet d'une communauté politique supérieure à elle-même, qui, comme l'a observé Martin Gurri dans La Révolte du Public n'existe plus, remplacée par une série de publics tribalisés et mutuellement armés.

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Et si le pacte tacite entre les entreprises bigtech et les utilisateurs est celui des applications gratuites en échange d'informations privées, bien plus inquiétant pour l'avenir de nos démocraties, risque d'être celui qui se met en place entre les grandes plateformes et les gouvernements, célébré avec la concentration entre les mains de Zuckerberg d'Instagram, Facebook et WhatsApp : je te laisse prospérer et toi en échange tu contrôles ce qu'on appelait autrefois la "majorité silencieuse" et qui aujourd'hui est de plus en plus une majorité mais beaucoup moins silencieuse. Une sorte de pacte confirmé par les documents divulgués par Snowden en 2013, qui ont révélé la participation des grandes plateformes aux programmes de surveillance et de renseignement américains, et qui, je pense, permet également de comprendre pourquoi une grande partie de l'hostilité des médias envers le nouveau propriétaire de Twitter, Elon Musk, le grand amateur de Tolkien qui a immédiatement dénoncé la prédilection des médias sociaux les plus politiques parmi ceux en circulation à montrer les posts les plus populaires au détriment des plus récents en faveur d'un récit dominant, dénotant ainsi une "irrégularité" jugée par beaucoup comme politiquement peu fiable.

D'où l'appel insistant à de nouveaux "grands récits" exprimé à plusieurs reprises par Macron ; lequel Macron, avec Ricoeur ou sans lui, est diplômé en philosophie et après avoir battu Le Pen, malgré ses trois millions de voix de plus qu'en 2017, s'est imposé comme l'homme de paille le plus autorisé de la pensée libérale dans le monde occidental et s'est automatiquement élevé - un peu comme la victoire illo tempore de Prodi sur Berlusconi - pour devenir un modèle trop facile pour nombre de nos politiciens "progressistes", dans une gamme variée qui va de l'auto-proclamé roi du storytelling Renzi aux anciens gilets jaunes Di Maio, fidèles désormais du Premier ministre Draghi. C'est un Macron qui, avant et plus que d'autres, a compris que le problème des démocraties occidentales est de trouver des critères de jugement et de légitimation qui aient une valeur à la fois locale et universelle ; un Macron lucidement "post-moderne", conscient de l'irréversibilité du processus culturel, de l'affirmation d'une multiplicité de langages incommensurables, de combien l'éclatement des métarécits a multiplié la pluralité et les formes d'un savoir qui ne peut plus se présenter comme une vision universelle du monde.

Mais il est en même temps un Macron "moderne" qui, contrairement à Rorty et Lyotard, regrette l'unité et la totalité perdues, un Macron nostalgique de ce grand récit du vingtième siècle qui avait façonné le monument inattaquable du progrès, réticent comme beaucoup de gouvernements européens à se mesurer à tout ce qui est multiple, fragmentées et instables, fortement motivées pour offrir une interprétation du passé qui puisse donner un sens à l'avenir, puisque seules sont "modernes" les sociétés qui ancrent les discours de vérité et de justice sur des méta-récits (culturels, historiques, scientifiques) englobant toute l'histoire humaine dans un cadre de référence unique ; un Macron qui, face à la croissance généralisée des processus d'atomisation, une effrayante multiplication du moi, est prêt à disqualifier comme "réactionnaire", "populiste", "souverainiste" ou "eurosceptique" quiconque tente de remettre en question le récit libéral-progressiste capable d'annuler les différences entre la vérité historique et la séduction rhétorique. C'est un terrain sur lequel le secrétaire du PD socialiste italien, Letta, semble s'être accordé avec son programme pour "un nouvel ordre européen", qui penche désormais vers une confédération qui fonctionnerait comme une sorte d'anneau encore plus large qui réunirait les 27 États membres de l'UE avec les pays candidats. Partant d'hypothèses post-modernes critiques, les démocraties européennes semblent donc viser à établir une normalisation "moderne".

Que cette modernité, une énigme pour tout penseur digne de ce nom, dont même le Cardinal Ruini a identifié l'ineffabilité il y a quelques années ("il y a beaucoup de modernités", selon ses mots), ne puisse être séparée du web, est en tout cas hors de question. De là, l'avenir de nos démocraties, inévitablement, ne peut que passer, de là, à la perspective macronienne, illustrée en novembre 2018 lors d'un forum de l'ONU à Paris sur la gouvernance de l'internet. Une perspective "centriste" qui entend se démarquer à la fois de la vision libertaire californienne, dont les protagonistes sont des acteurs forts qui rejettent tout contrôle étatique, et de la vision "chinoise", entièrement supervisée par un État autoritaire. La solution esquissée par le président français est la troisième voie canonique, qui implique dans ce cas les acteurs privés, les journalistes, les gouvernements et l'habituelle et indéfectible société civile.

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Le jeune Emmanuel Macron avec le philosophe Paul Ricoeur.

Une intention louable, mue par une juste préoccupation pour la perte de centralisation dans l'organisation de l'État, mais toujours enveloppée dans une perspective prisonnière de cet absolutisme miraculeux de la terre promise (le numérique comme outil de civilisation du monde) typique de la Silicon Valley, exhibé à l'époque par l'Obamiste italien Renzi. Une pensée - un récit, pour être précis - qui semble prendre substantiellement en otage une politique qui n'a jamais semblé aussi proche d'étouffer dans la logique des milliards d'algorithmes ; une idée que même Sabino Cassese semble regarder sans crainte, persuadé que des greffes comme celle de nature "technocratique" sont bonnes pour la démocratie (Sullo stato della democrazia, Il foglio, 24 mai 2022).

Ce qui est surprenant, dans l'ensemble, chez tant de porte-drapeaux convaincus de la démocratie avec un "D" majuscule, c'est la suppression "démocratique" du concept même sur lequel le libéralisme a prospéré, à savoir le pluralisme. Les raisons du consensus, combinées à la surpuissance économique et à un déficit culturel inquiétant et irréversible, empêchent nos classes dirigeantes de comprendre que les problèmes sociaux ne sont pas nés avec le web et qu'aucun web ne pourra jamais les guérir. Pour le dire autrement, que les problèmes du web, que tant de scandales et de clameurs peuvent créer (Trump et la prise d'assaut du Capitole en sont un exemple), sont en dehors du web. N'oublions jamais que la fake news la plus lourde de conséquences et à l'origine d'une guerre qui n'a exporté aucune démocratie et a accru le terrorisme est née non pas sur les médias sociaux mais dans un journal comme le New York Times (qui s'est ensuite au moins excusé, contrairement à tous les autres qui l'avaient suivi comme des moutons). Le web obscurcit, amplifie, cache ou exagère, peut-être, mais il ne guérit pas, et encore moins ne rachète. Seul un politicien inculte et ignorant peut croire ou faire semblant de croire que des concepts tels que la légitimité, la stabilité, peuvent être gouvernés par des plateformes numériques.

Ce ne sont pas de nouvelles mythologies, de méta-narratifications idéalistes, dont nous avons besoin, mais d'une véritable démocratisation de la culture, d'une politique qui sait faire de la politique, qui pense la démocratie non comme quelque chose de donné pour toujours, comme le fameux diamant, mais comme un bien à chérir et à cultiver, inséparable d'une connaissance qui ne peut être déléguée au circuit social.

41xHJPHCJmL._SX309_BO1,204,203,200_.jpgUne politique qui tente de répondre à la question suivante : quelles sont les perspectives de la démocratie dans une société qui, sous les coups d'une concentration progressive des richesses, a perdu l'idée originelle de communauté ? Une politique qui sait aller au-delà de la très générique "confiance dans les institutions démocratiques" encore prônée dans son dernier livre (Liberalism and its Discontents) par un Fukuyama qui a toujours démontré que sa conception du libéralisme est non seulement idéaliste, mais aussi profondément déformée, s'il est vrai qu'il a attribué le succès du Japon à son libéralisme économique sans comprendre que le modèle japonais était en fait le modèle étatiste de Hamilton, fondateur, au début du 19ème siècle, du système bancaire américain. La politique ne peut être réduite à devenir un spectacle digne d'Oprah Winfrey, pour qui "tout est question d'imagination". Sans une véritable culture de la politique, la démocratie sera toujours une créature à la vie trouble. Pour la récupérer, il ne suffit certainement pas, comme le font Fukuyama, Cassese et consorts, de diaboliser tous les Orbans, Le Pen et Bolsonaros du monde...

A propos de l'auteur

Luca Giannelli est journaliste et rédacteur en chef du Télé-Journal à La7, où il couvre les domaines de la culture et de la politique. Chez GOG Edizioni, il a publié 'America vs. America".

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mardi, 07 juin 2022

La présidence Macron, l’Etat et la dé-civilisation française

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La présidence Macron, l’Etat et la dé-civilisation française

Avec un appendice sur les historiens libertariens américains

Nicolas Bonnal

On a vu sur Telegram (c’est censuré en France) des images de Paris, après le marché de Belleville, qui font penser à une mégapole africaine en pleine déconfiture (beau résultats pour une ville nécrosée par sa dette et sa fonction publique pléthorique, par sa population remplacée aussi) ; on a vu que l’OMS  va diriger un Etat mondialiste et vaccinateur furieux, qui privera huit milliards de citoyens de leur liberté sinon de leur santé/vie ; on a vu un grand effondrement culturel français, et ce pays qui était jadis le phare de la civilisation est devenu le réceptacle des daubes cannoises ou autres (lisez ou relisez l’Etat culturel de Fumaroli ou les livres de mon ami Paucard) ; on a aussi vu que l’Etat espagnol mitraille chimiquement sa population et qu’il se prépare à voler toute sa population : énième version des corralitos latinos – ce n’est pas dans les webzines complotistes mais dans les journaux Mainstream maintenant. On a vu aussi que le super-Etat totalitaire européen dirigé par la très folle administration Leyen se renforce par sa guerre avec la Russie et prépare un cocktail de pénurie, de déglingue et de contrôle informatique globalitaire des populations hébétées ; car si l’Etat est un destructeur de la civilisation il détruit aussi les populations.

008325419.jpgL’Etat romain dégénéré a créé le citoyen idiot (tonto) dont a parlé Ortega y Gasset dans sa rébellion des masses. Ces masses sont d’ailleurs des créations de l’Etat moderne: c’est le dernier homme de Nietzsche et le citoyen transformée en Turc dont parle Tocqueville, qui ajoute qu’on lui ôtera, au citoyen moderne, le trouble de penser et la peine de vivre, l’euthanasie mentale précédant l’autre. Et ce peuple nouveau pour parler comme l’autre semble content de son sort puisqu’on le voit revoter Macron (je sais, il y a des abstentions…) aux législatives sans oublier Mélenchon. Ces deux individus sont des émanations du PS, le parti fourre-tout et catho de gauche qui a aujourd’hui gangréné tous les partis: le PS c’était le parti fonctionnaire, le parti totalitaire à la française qui aura tout créé même ses milliardaires: c’est le parti de la gauche caviar et de la bourgeoisie sauvage (Taine dit que le bourgeois est une création de l’Etat – pas du commerce - et comme il a raison)  dénoncées en leur temps par des hommes de gauche courageux comme mon éditeur Thierry Pfister (chez Albin Michel) ou comme Guy Hocquenghem.

Il est hallucinant de voir qu’on nous fait la farce du néolibéralisme alors qu’on vit une phase crépusculaire et folle de super-étatisme planétaire ; que cet étatisme s’entende avec les oligarques vaccinateurs et les GAFAM, eux-mêmes émanations du Deep State et du Pentagone n’étonnera que les idiots du village médiatique. C’est l’Etat qui créé ces boîtes, qui a privatisé les monstres, comme c’est l’Etat français ou autre qui a liquidé l’activité économique nationale ou remplacé la population ; le grand remplacement est du reste surtout psychologique (le peuple nouveau) comme je le rappelle inutilement en citant toujours Don Siegel et ses profanateurs de sépultures.

L’Etat moderne (Maistre a évoqué ce pullulement des lois lors des premières années de la Révolution, pullulement dépassé depuis) est depuis deux siècles le grand facteur de la décivilisation en Occident et maintenant dans le monde. Le traditionaliste guénonien (et musulman) Titus Burckhardt en a parlé à propos du Maroc, devenu depuis son indépendance un bon petit élève de la mondialisation. Hans Hoppe a souligné le rôle destructeur de l’Etat en matière de famille: l’avortement, l’enseignement (limité à: « tes pas un garçon, t’es une fille ! »), le divorce, l’aide à la femme célibataire, la misandrie administrative, tout a été fait par les fonctionnaires pour détruire la famille, ce seul Etat, disait Chesterton qui crée et aime ses citoyens. L’Etat moderne lui les hait et les détruit ou les remplace, ses citoyens. C’est pour cela aussi qu’il aime les guerres, « cette santé de l’Etat », et c’est comme cela que les guerres mondialistes se sont multipliées à partir du moment où on a évoqué le nouvel ordre mondial qui enchante des millions de bureaucrates et de politiciens à travers la planète.

Le contrôle des oppositions politiques par le fric et le financement des campagnes politiques accélère cette entropie. Tout le monde se bat du coup pour imposer la pénurie, le couvre-feu, la guerre, la Terreur et le bataclan médiatique destiné à contrôler des populations toujours plus stupides et formées à l’être depuis l’école qui n’a jamais été aussi peu libre dans notre histoire (relisez Chaunu et découvrez quelle liberté aux siècles des Lumières).

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Revenons à notre hexagone si bien nommé. Entre Notre-Dame, le Stade de France (sic), les gilets jaunes, le délitement de l’école, de la police, de l’hôpital et tout le reste, nous assistons avec la résidence Macron (il sera réélu trois ou quatre autres fois, ne vous en faites pas, son peuple nouveau y pourvoira), à la fin de la civilisation française, plus exactement à la fin de ses restes ; à la formation aussi d’une population neuve et nécrosée, usée et anesthésiée ; l’historien Stanley  Payne en a parlé aussi à propos de l’Espagne ; l’Etat a progressivement engendré un mouton républicain qui lui est parfaitement soumis et ne se rend plus compte non plus des coups de pied au cul ou du grand effondrement de son niveau de vie. On a parlé de citoyen ludique enfant ou adolescent, mais vu Macron et son électorat je dirais plutôt qu’on voit un citoyen vieux (y compris quand il est jeune), gavé de BFM, propre à illustrer la tirade des sept âges de Shakespeare: en fait on est dans un monde de vieillards inactifs, craintifs et peu créatifs et on demande à cet hexagone administratif «(« plus froid des monstres froids »…) de ressembler aux territoires protocolaires dont il a recouvré une terre sacrée jadis couverte de champs, de villages et de chapelles.

Sources

https://www.amazon.fr/Chroniques-sur-lHistoire-Nicolas-Bo...

https://www.amazon.fr/gp/product/B0B2HND9MM/ref=dbs_a_def...

https://www.amazon.fr/territoires-protocolaires-Nicolas-B...

Je joins à ces quelques lignes désabusées (c’est un peu tard pour espérer…) une ancienne bibliographie des meilleurs auteurs libertariens américaines. Eux ont parfaitement compris et expliqué comment Lincoln, Wilson, Roosevelt, Johnson, Biden ou autres ont créé leur Etat totalitaire et belliqueux.

Auteurs libertariens : une bonne petite bibliographie

Les intellectuels libertariens ont révisé toute leur histoire américaine. À l’heure de l’État profond devenu fou et rigolo, ce n’est pas une inutile affaire ; deuxièmement, ils se rapprochent du guénonisme (c’est très visible chez l’Allemand Hans Hoppe). La montée de l’État, de la bureaucratie, de la réglementation, de la fiscalisation suppose une dégénérescence métaphysique, celle que pressentaient d’ailleurs les taoïstes chinois il y a plus de deux mille ans, quand les empereurs (relisez René Grousset) organisaient déjà des Grands remplacements de population: un autre livre à écrire ! La réfutation taoïste de l’État providence fut il y a vingt ans mon premier texte posté sur le web, par Alain Dumait, aux 4 vérités. Tout est disponible gratuitement sur Mises.org. Vous donnez ce que vous voulez. Je ne sais pas si j’écrirai un livre de présentation de cette splendide école, qui se rattache à Tocqueville, Benjamin Contant, et Frédéric Bastiat. Raico n’aimait pas trop Hayek et il adorait ces penseurs français. Une grande partie des libéraux que j’ai connus dans les années quatre-vingt-dix ont fini néocons.

J’ai insisté surtout sur les travaux historiques, plus intéressants pour nous.

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On commence par Murray Rothbard, auteur du manifeste libertarien. Ses pages sur l’histoire diplomatique sont extraordinaires de culot, de bon sens et d’autorité. Il exonère Staline pour la Guerre Froide, comme Ralph Raico d’ailleurs. On peut lire aussi son livre sulfureux sur Wall Street et les banques. Enfin, bien sûr, Rothbard irrépressible, où il défend sa conception de la culture et du cinéma, qui est la mienne ; et le film de Corneau Tous les matins du monde. Dans le même livre, Murray faisait la chasse aux chasseurs d’antisémites ! On n’a pas fini de rire ! C’était à propos des menaces et des insultes qui frappaient le pauvre Buchanan. Murray définit nûment la théorie de la conspiration « Ce qui s’oppose au mensonge des historiens officiels. »

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Ralph Raico vient de mourir, raison de plus pour l’honorer, ce maître. Son chef-d’œuvre concerne les grands leaders et les grandes guerres. Ces grands leaders sont tous des catastrophes car pour devenir un grand président, il faut la guerre, civile ou mondiale. Wilson, Lincoln, Roosevelt, etc. sont restés dans les mémoires grâce à leurs horreurs.

Lisez aussi le Raico sur les libéraux romantiques français.

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Butler Shaffer: Les magiciens d’Ozymandia, d’après le beau poème oublié de Shelley. Le ton est plus philosophique et traditionnel. Butler fait le commentaire de l’écroulement vaseux de la civilisation US et occidentale. C’est lui l’auteur du « test Hitler », d’où il ressort que « l’écolo antitabac, contrôleur de vitesse, végétarien et guerrier humanitaire Hitler est, quand il est présenté anonymement, plus populaire auprès des jeunes que Jefferson (esclavagiste, rebelle armé, contrebandier, planteur de tabac,…) »

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John Denson, Les reconsidérations sur la présidence. Livre collectif et splendide sur la montée du totalitarisme américain. Une contribution de l’universitaire Michael Levin, sur le président comme ingénieur social. Comment aussi on a saboté les études (un autre grand humaniste juif, Harold Bloom, en avait parlé), l’armée, tout au nom du Politiquement correct.

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Les coûts de la guerre, essai sur les victoires pyrrhiques de l’Amérique. Merveilleux ouvrage collectif. Édité encore par John Denson. Extraordinaire contribution de Rothbard sur les deux seules guerres justes (1776 et Sécession, côté sudiste bien sûr) et de Joseph Stromberg sur la guerre hispano-américaine de 1898, qui démarra avec un faux attentat et se termina par un génocide aux Philippines, puis la fondation de l’interventionnisme destructeur et presque calamiteux (Cuba, Corée, Vietnam, l’Amérique centrale…).

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La Guerre perpétuelle pour une paix perpétuelle par Harry Elmer Barnes. J’ai évoqué Frédéric Sanford sur la manière dont Roosevelt empêcha un règlement européen et antihitlérien à Munich. Sur ces sinistres affaires, lire et relire aussi Guido Preparata. Hitler, le monstre anglophile et utile pour la dominance anglo-saxonne dans ce monde…

Le mythe de Roosevelt de John Flynn qui a vu la montée de l’ère managériale en même temps que James Burnham. Livre effarant par sa justesse. Lisez tout John Flynn, journaliste et héros de la guerre antisystème.

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Thomas Di Lorenzo : Lincoln, qui montre ce que tous les lecteurs de mémorialistes savaient : Lincoln détraqué, homme du business et des tarifs douaniers, fanatique étatique de la loi, et qui prépara sur les cendres du vieux sud (600 000 morts pour abolir un esclavage aboli partout ?) le nouveau désordre américain.

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Démocratie, le dieu qui a échoué, de l’Allemand Hans-Hermann Hoppe. Un régal pour les réacs.

 

 

samedi, 04 juin 2022

Salmigondis macronien

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Salmigondis macronien

par Georges FELTIN-TRACOL

Le 24 avril dernier, à 20 h 01, une fois annoncée la réélection d’Emmanuel Macron commençait la bataille pour sa succession prévue en 2027. En révisant en 2008 la Constitution, Nicolas Sarközy, l’esprit tourné vers le funeste modèle des États-Unis, imposa la limitation de deux mandats présidentiels consécutifs. Sans cette interdiction institutionnelle, vu son âge, « Manu » aurait pu briguer un troisième, voire un quatrième mandat…

Cette absurdité institutionnelle aiguise déjà l’appétit de certaines figures de la Macronie d’autant que les élections législatives des 12 et 19 juin prochains montrent que les alliés du chef de l’État réélu représentent, avec leurs formations politiques respectives, un ensemble disparate.

Centrisme contre-populiste, le macronisme s’étend sur tous les champs du spectre politique, du communiste Robert Hue à une soi-disant « extrême droite » incarnée par le maire de Béziers, Robert Ménard, en passant par la sociale-démocratie, l’écologisme, le radicalisme, la démocratie chrétienne et la pseudo-droite libérale – sécuritaire. Autour de La République en marche devenue Renaissance, du MoDem (Mouvement démocrate) et du Parti radical gravitent une composante libérale-bankstériste (Horizons d’Édouard Philippe et Agir – La droite constructive de Franck Riester), une faction écologiste (En commun), un courant sociétaliste divisé en Territoires de progrès et en Fédération progressiste, et même une aile souverainiste avec Refondation républicaine de Jean-Pierre Chevènement. Chacune de ces composantes à l’audience groupusculaire se prépare à l’échéance cruciale de 2027.

La diversité des sensibilités ne s’arrête pas aux partis; elle concerne aussi des individus. Quoi de commun en effet entre Pap Ndiaye, le nouveau ministre wokiste de la (ré)éducation nationale, et Manuel Valls, candidat dans la circonscription des Français expatriés au Portugal, en Espagne, en Andorre et à Monaco, si ce n’est qu’une forte attachement au cosmopolitisme ? Les commentateurs remarquent la défaveur des laïcards du Printemps républicain. Dans un duel post mortem, Olivier Ferrand de Terra Nova l’emporte finalement sur Laurent Bouvet...

En nommant à Matignon une terne technocrate sans changer pour l’heure de secrétaire général de l’Élysée, Emmanuel Macron veut aussi neutraliser les rivalités naissantes entre des candidats putatifs. Il est vrai qu’un second mandat est toujours très compliqué. Réélu en 1965, Charles De Gaulle assiste à l’affrontement croissant entre Georges Pompidou et Valéry Giscard d’Estaing. Réélu en 1988, François Mitterrand prononce la dissolution de l’Assemblée nationale choisie en 1986. Les élections législatives de juin 1988 lui donnent une majorité relative. Son quatrième premier ministre, le socialiste Michel Rocard, doit au gré des projets de loi s’appuyer tantôt sur les communistes, tantôt sur les centristes. Il use et abuse par conséquent de l’article 49 – 3. Fait impensable depuis la révision de 2008 qui en limite l’usage. Par ailleurs, François Mitterrand contemple le naufrage de son courant en 1990 au congrès du PS à Rennes. Le mitterrandisme explose, miné par la féroce rivalité entre Laurent Fabius et Lionel Jospin. Réélu en 2002 après la « Quinzaine de la haine », Jacques Chirac n’arrive pas à entraver la montée en puissance de Nicolas Sarközy aux dépens de ses poulains Alain Juppé et Dominique Galouzeau de Villepin. On se souvient que, ministre de l’Intérieur, Nicolas Sarközy encourage la fronde des étudiants et des lycéens contre le contrat première embauche (CPE) en 2006 afin de mieux saper l’autorité de Villepin, son propre chef du gouvernement et potentiel présidentiable.

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À cinq ans de la fin prévue du second mandat macronien, qui lorgnent déjà sur la présidence de la République ? Malgré un âge certain, il y a François Bayrou qui n’a jamais renoncé à accéder un jour à la magistrature suprême. Il aimerait surtout ne plus être un « faiseur » de président. Fondateur et président d’Horizons, l’ancien premier ministre Édouard Philippe enregistre dans les enquêtes d’opinion une forte popularité. Étrange pour quelqu’un qui a tant martyrisé la France périphérique et appliqué avec une absence de bon sens la tyrannie covidienne. Très discret, le président de l’Assemblée nationale, Richard Ferrand, a supervisé en tant que principal responsable de la coalition présidentielle  Ensemble ! l’investiture des candidats aux législatives. C’est un poids lourd qui va compter. Candidat malheureux (2,38 %) à la primaire de la                       « droite » et du centre en 2016, Bruno Le Maire y pense sûrement tous les matins. Deuxième personnage du nouveau gouvernement, il conserve le ministère de l’Économie et en fait son fief à l’instar de Giscard d’Estaing, secrétaire d’État aux Finances de 1959 à 1962, puis ministre de l’Économie et des Finances de 1962 à 1966, et de 1969 à 1974, soit douze ans en deux fois, rue de Rivoli, l’ancienne adresse de ce ministère avant le déménagement à Bercy. Enfin, n’oublions pas l’« homme qui dissout plus vite que son ombre » : Gérald Moussa Darmanin. Ce fidèle sarközyste suit le même parcours que son triste mentor (le budget pour l’un, les comptes publics pour l’autre avant d’investir le ministère de l’Intérieur). Sa reconduction l’incite à penser à d’autres étapes plus prometteuses.

Ces ambitions navrent des macroniens qui aimeraient les circonvenir en organisant un parti unique et un seul groupe au Palais-Bourbon. Bien que ne s’appréciant guère, Édouard Philippe et François Bayrou s’unissent un instant et douchent immédiatement toute intention unitaire. Pas question d’imiter l’UMP de Jacques Chirac ! Cette profusion de micro-partis et de pré-candidats présidentiels démontre que le macronisme n’est pas une pensée politique structurée. Ce n’est qu’un opportunisme politico-électoral circonstanciel.

L’actuel locataire de l’Élysée doit donc s’attendre à un quinquennat compliqué et peut-être plus agité encore que le précédent. Pour reprendre une expression en cours aux États-Unis, il sera bientôt un « canard boiteux », c’est-à-dire un président sans plus aucune influence politique déterminante. Qu’il y ait donc un grand désordre à venir chez les macroniens ne peut être qu’une grande satisfaction publique ! 

GF-T

  • « Vigie d’un monde en ébullition », n° 35, mise en ligne le 31 mai 2022 sur Radio Méridien Zéro.

vendredi, 29 avril 2022

Elections françaises: le peuple dit "non", les élites disent "oui" à Macron

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Elections françaises: le peuple dit "non", les élites disent "oui" à Macron

par Daria Platonova Douguina

Source: https://www.ideeazione.com/elezioni-francesi-il-popolo-dice-no-le-elite-dicono-si-a-macron/

Au second tour, Emmanuel Macron a obtenu 58,55% des voix (résultats fournis par le ministère français de l'Intérieur après traitement de 100% des bulletins de vote). La première soirée après l'élection du président pour un second mandat a déjà été marquée par des manifestations de grande ampleur contre le "macronisme" et le libéralisme. Les gilets jaunes, des éléments de la gauche et de la droite sont descendus dans la rue. Philippe Poutou, le leader du parti anticapitaliste, a appelé au renversement de Macron. Et les leaders de l'opposition (Le Pen, Zemmour, Mélenchon), dont l'électorat cumulé dépasse 50% de la population française, ont déclaré que les élections ne sont pas terminées, et que le troisième tour sera les élections législatives qui auront lieu en juin. Macron risque de ne pas obtenir de majorité parlementaire. Cela est fortement influencé par l'échec de sa politique quinquennale, surnommée le "Macronisme", qui a conduit le parti de Macron à ne remporter aucune des 13 régions lors des élections régionales de 2021.

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Philippe Poutou.

Le fait que les prochaines années seront turbulentes a également été noté par le président nouvellement élu lui-même. "Un second mandat ne sera pas turbulent, mais il sera historique pour la France", a déclaré M. Macron, lors d'un meeting de victoire. La France risque d'être confrontée à une période d'instabilité, et la page s'est ouverte pour un quinquennat plus défiant (ou même un septennat, dans le cas de la réforme constitutionnelle de Macron visant à prolonger le mandat présidentiel). Le pays entre dans une période de turbulences politiques et les slogans des manifestations d'hier, avec le mot "Révolution", suggèrent de possibles changements radicaux à venir.

Dans le même temps, trois grands blocs politiques ont émergé, dont deux représentent les intérêts du peuple (Le Pen et Mélenchon) et un, Macron, les intérêts des élites transnationales orientées vers un agenda mondialiste. Le résultat de Le Pen est en effet impressionnant: par rapport à 2017 (où l'écart était de 33%), le tableau actuel montre que ses thèses (critique de l'immigration, de l'OTAN, du mondialisme, du capitalisme) reflètent la volonté de la moitié des Français.

Le think tank français Strategika note que "les situations des élections présidentielles de 2017 et de 2022 sont très différentes. En 2017, il y a eu une confrontation entre le candidat Macron, présenté à l'époque par tous les médias et le système politique comme "nouveau", et Marine Le Pen, qui portait en quelque sorte le "poids" du passé (du passé de son parti). Il y avait une illusion que le monde politique vermoulu, contre lequel Macron s'est positionné comme une fausse nouveauté sans précédent, allait soudainement exploser et résoudre des décennies de problèmes accumulés". Toutefois, selon l'auteur de Strategika, en 2022, la situation a radicalement changé: "En 2022, un autre Macron est apparu - avec une crise économique massive à son actif et des politiques néolibérales qui ont eu un impact négatif sur le peuple français et la cohésion sociale du pays, ainsi qu'une série d'échecs en matière de politique intérieure et extérieure, notamment :

    - la répression sanglante des "gilets jaunes" ;

    - une gestion autoritaire et inadéquate de la crise sanitaire ("covidisme") ;

    - le déclin de la démocratie et de la liberté d'expression dans le pays ;

    - la dégradation de la situation migratoire dans le pays (un épisode récent hautement symbolique de l'état de guerre civile rampante de la France a été l'assassinat en prison du militant nationaliste corse Ivan Colonna par un djihadiste. Sans parler de l'hypothèse de l'exécution éventuelle donc d'un meurtre sur commande) ;

    - échec au Mali et perte d'influence sur le continent africain ;

    - l'annulation des contrats de sous-marins avec l'Australie ;

    - l'échec du processus de paix entre Moscou et Kiev".

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La crédibilité de Macron a également été ébranlée par une importante affaire McKinsey: "Macron a effectivement placé le pays sous un contrôle externe: le Sénat français a constaté que la France perdait sa souveraineté dans la sphère législative".

Strategika note que "outre la montée en popularité de Marine Le Pen (également causée par la présence dans son projet d'un certain nombre d'éléments de politique socio-économique: retraite à 60 ans, réductions d'impôts, accent mis sur le pouvoir d'achat, etc.), on a assisté à un renforcement de la position de l'homme politique de gauche Jean-Luc Mélenchon. Le point commun des deux candidats est qu'ils se concentrent davantage sur les stratégies visant à résoudre la crise économique actuelle en France et qu'ils envisagent des modèles pour introduire une régulation étatique partielle dans certains secteurs de l'économie dans la période d'après-crise.

Que réserve l'avenir à la France? Devons-nous nous attendre à des changements radicaux? Apparemment, oui. La victoire de Macron hier a ouvert une boîte de Pandore. Le peuple français, sensible à la trahison et à la déloyauté, ne pardonnera pas à un président responsable d'une crise d'une telle ampleur. Les sanctions anti-russes ont touché les cordons de la bourse des Français, beaucoup admettant qu'il est plus coûteux de se déplacer pour aller travailler que de rester au chômage chez soi. La politique étrangère de Macron, que ce soit en Afrique ou en Ukraine, a soulevé des questions non seulement parmi les citoyens ordinaires ou les politiciens, mais aussi parmi les militaires. L'insatisfaction à l'égard de Macron est croissante. Et les lettres sur les pancartes des manifestants deviennent plus vives : "Révolution. Renversons le régime libéral".

27 avril 2022

jeudi, 28 avril 2022

Macron gagne, mais la fracture sociale interne de la France est irrémédiable

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Macron gagne, mais la fracture sociale interne de la France est irrémédiable

Par Luigi Tedeschi

Source: https://www.centroitalicum.com/macron-vince-ma-la-frattura-sociale-interna-della-francia-e-insanabile/

L'abstentionnisme record est devenu une marée montante, qui affecte profondément la crédibilité et la représentativité de la classe politique dans le système libéral-démocratique occidental. Le clivage entre le peuple et les institutions est clair: le choc social entre le peuple et l'élite, entre le centre et la périphérie, reviendra très bientôt. 

Macron a gagné et vaincu la menace souverainiste, illibérale et poutiniste de Le Pen. Macron est-il donc le héros de la croisade eurocratique contre le démon souverainiste dissolutiste? Non, l'UE veut juste se préserver et conserver son immobilisme cadavérique, révélant sa totale aversion au changement dans un contexte géopolitique mondial en mutation. L'élection présidentielle française, du moins en termes d'image médiatique, a été présentée comme un référendum dans lequel la survie même de l'Europe était en jeu. Soit l'UE (et l'OTAN), soit la dissolution de l'Europe elle-même (et de l'Occident). Soit avec l'OTAN, soit avec Poutine. Par répétition inlassable de ces contrastes, qui ont eu un effet médiatique dévastateur, une campagne de diabolisation authentique de l'idée de souveraineté lepéniste a eu lieu.

Macron a gagné, comme cela était largement prévisible. Mais, pour reprendre une vieille blague d'Altan, "le truc est là, vous pouvez le voir et tout le monde s'en fout". Il est tout à fait clair que le processus de décomposition progressive des institutions démocratiques en Europe est maintenant à un stade avancé. La dissolution des partis traditionnels (socialistes et gaullistes) est une réalité incontestable en France, comme en Italie. Sur les cendres de l'ancienne opposition entre la droite et la gauche, il est devenu nécessaire de créer un parti artificiel comme "En Marche" et un nouveau leader, Macron, ancien membre de la Banque Rothschild & Cie.

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Donc un parti institutionnel, apte à créer une coalition républicaine en opposition à "l'ennemi absolu" souverainiste et poutiniste, dont le contenu politique peut se résumer au slogan "Tout sauf Le Pen". Par conséquent, Macron et son parti ont leur raison d'être en tant que garants de l'ordre eurocratique et de la loyauté de la France envers l'OTAN.

Ce sont en fait les valeurs qui donnent une légitimité démocratique aux gouvernements des pays de l'UE. En Italie, une fonction similaire est assurée par le PD, un parti minoritaire mais ancré dans les institutions politiques et économiques italiennes. En fait, le PD s'est vu déléguer la gouvernance de l'Italie par l'UE et l'OTAN.

Même en cas de victoire de Le Pen, le camp souverainiste n'aurait certainement pas été autorisé à gouverner le pays. En effet, Marine Le Pen se serait trouvée confrontée au bombardement quotidien des grands médias, qui auraient évoqué le danger d'une guerre civile fantôme, un système judiciaire hostile, une UE dominée par la rigueur financière allemande, et surtout elle aurait été rapidement déstabilisée par le jugement défavorable des marchés, seuls détenteurs d'un pouvoir économique pouvant conférer ou non une "légitimité démocratique" aux gouvernements, dans le contexte d'un système néolibéral qui a privé le consensus populaire de son pouvoir. L'expérience du gouvernement gialloverde en Italie est un témoignage tragique de la structure technocratique et financière dominante en Europe. Ce n'est pas une coïncidence si, dans la semaine précédant le second tour, Mme Le Pen a été inculpée de fraude financière présumée en rapport avec des fonds publics européens indûment dépensés pour 600.000 euros.

Macron a gagné grâce au soutien de l'establishment économique et financier, du courant dominant et de l'élite intellectuelle idéologiquement alignée sur les libéraux anglo-saxons. Macron a obtenu 18,7 millions de voix (58,55%) et Le Pen 13,3 millions de voix (41,45%). Mais le chiffre le plus remarquable est le pourcentage d'abstentionnistes (28%), le niveau le plus élevé depuis le scrutin de 1969. L'abstentionnisme record est devenu une marée montante, qui affecte profondément la crédibilité et la représentativité de la classe politique dans le système libéral-démocratique occidental. La fracture irrémédiable entre le peuple et les institutions est évidente : la somme du vote souverainiste et des abstentions dépasse largement 50% du corps électoral.

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L'orientation nettement fondée sur la classe sociale du vote présidentiel français est également notable. Elle reflète la stratification sociale générée par le modèle néo-libéral, dans lequel prévalent des inégalités de plus en plus marquées et la prolétarisation rampante des classes moyennes, c'est-à-dire les perdants de la mondialisation. Le vote pour Macron s'est en effet concentré dans la bourgeoisie et les classes éduquées des grandes villes, tandis que celui de Le Pen s'est concentré dans les régions du Nord décimées par la désindustrialisation et dans l'immense province agricole française, de plus en plus appauvrie et dépeuplée.

La première présidence de Macron a débuté sous les auspices d'une réforme libérale des institutions et de l'économie, qui s'est fatalement heurtée au malaise social croissant apparu d'abord avec la révolte des gilets jaunes, puis avec la crise de la pandémie et enfin avec la crise russo-ukrainienne. Nous ne savons pas comment Macron pourra imposer de nouvelles réformes libérales face à un choc social entre le peuple et l'élite, entre le centre et la périphérie, qui ressurgira. La fracture interne de la France est désormais irrémédiable. Un scénario similaire se déroulera bientôt en Italie. Il est difficile de voir comment la vision politique libéraliste de Macron peut guérir la pays. Le gouvernement Macron, ainsi que le gouvernement de Draghi en Italie, sont l'expression d'un système qui veut préserver les équilibres sociaux élitistes en Europe, en conflit ouvert avec les classes populaires: l'UE est un organe réactionnaire et répressif qui ne défend que sa propre subsistance.

imafrfsges.jpgEn ce qui concerne l'Europe, les propositions de Le Pen, orientées vers une réforme des politiques publiques européennes, qui prévoirait le rapatriement des pouvoirs déjà dévolus des Etats vers l'UE, une politique anti-immigration plus efficace et la prévalence du droit national sur le droit européen, il faut noter que Macron lui-même a été confronté à de multiples conflits entre les intérêts nationaux et européens. Le projet d'"intégration différenciée" des États membres de l'UE n'a pas été couronné de succès. Macron a réussi à imposer à l'Allemagne le lancement de l'UE nouvelle génération, mais s'est heurté au veto des pays frugaux du Nord concernant la réforme du pacte de stabilité (un projet partagé avec Draghi) et la proposition de partager la dette contractée par les États pendant la crise de la pandémie.

Les propres propositions de Macron pour la création d'une force de défense européenne autonome n'ont pas abouti, étant donné la réticence évidente des pays d'Europe de l'Est et du Nord, qui exigent plutôt un renforcement de l'OTAN. Le propre rôle prééminent de la France en Europe dans le domaine de la défense, en tant que seul pays de l'UE (après le Brexit) doté de l'arme nucléaire et membre permanent du Conseil de sécurité de l'ONU, pourrait être remis en question par les perspectives de réarmement de l'Allemagne. La présidence de l'UE et les initiatives diplomatiques de Macron dans la crise russo-ukrainienne ne sont pas formidables. Le bilan global de la première présidence de Macron est donc négatif, comme le soulignait Giulio Sapelli quelques jours avant le scrutin: "Si Macron gagne les élections, comme cela est hautement probable, la réduction de la puissance internationale de la France continuera à être douloureuse et profonde et entraînera de plus en plus toute l'Europe, avant l'UE, avec elle. La présidence française de l'UE a déjà été un échec que seules la guerre d'agression russe et la crise énergétique peuvent dissimuler. Le macronisme est la destruction de la force civique de la France par la destruction de ses bastions politiques et institutionnels historiques: l'État napoléonien et l'Armée. 

Les déchirures entre les nations européennes sont profondes et seront exacerbées par l'incapacité de Macron à développer une politique de puissance française qui rappelle de loin la fierté gaulliste et le radicalisme républicain de Jean-Pierre Chevènement: les deux seuls grands leaders, De Gaulle et Chevènement, que la France a produit après la Seconde Guerre mondiale, éclipsés par le fascinant écran de fumée littéraire de Mitterrand. Macron a fait en France ce que la libéralisation par le haut souhaitée par les États-Unis et le Royaume-Uni a fait en Italie, en utilisant le système judiciaire et la crise morale d'une nation déjà épuisée par la confusion institutionnelle et l'incapacité expansionniste internationale de sa classe moyenne supérieure industrielle et étatique-financière".

L'Europe traverse une crise politique et institutionnelle sans solution, car le système démocratique libéral s'est révélé irréformable. Parce qu'avec l'UE, la démocratie a dégénéré en démocratie libérale. Le libéralisme et la démocratie ne se sont pas avérés compatibles. La démocratie libérale est fondée sur l'individu, ne tient pas compte de la communauté, protège les droits de l'homme et les libertés individuelles, mais la valeur du bien commun, qui est une caractéristique de la démocratie ancienne, lui est étrangère. Par conséquent, dans une démocratie libérale, la représentation politique est le reflet des relations entre les groupes d'intérêt qui dominent la société civile. L'idéologie du progrès est inhérente à la démocratie libérale. Le pouvoir politique est donc de plus en plus dévolu à des oligarchies technocratiques. La démocratie libérale est donc un système destiné à se transformer en oligarchie. L'inévitable dérive élitiste de la démocratie libérale est analysée comme suit par Alain de Benoist dans son essai "La crise actuelle de la démocratie": "L'expression "démocratie libérale" associe deux termes censés être complémentaires, alors qu'ils sont contradictoires. Cette contradiction, qui se manifeste pleinement aujourd'hui, menace les fondements mêmes de la démocratie. "Le libéralisme met la démocratie en crise", dit Gauchet. Chantal Mouffe a observé à juste titre que "d'un côté, nous avons la tradition libérale constituée par l'État de droit, la défense des droits de l'homme et le respect de la liberté individuelle; de l'autre, la tradition démocratique dont les idées maîtresses sont celles de l'égalité, de l'identité entre gouvernants et gouvernés, et de la souveraineté populaire. Il n'y a pas de relation nécessaire entre ces deux traditions différentes, seulement une articulation historique contingente".

Quiconque ne voit pas cette distinction ne peut rien comprendre à la crise actuelle de la démocratie, qui est précisément une crise systémique de cette "articulation historique contingente". La démocratie et le libéralisme ne sont en aucun cas synonymes ; en effet, sur des points importants, ce sont même des notions opposées. Il peut y avoir des démocraties non libérales (démocraties tout court) et des formes de gouvernement libérales qui n'ont absolument rien de démocratique. Carl Schmitt est allé jusqu'à dire que "plus une démocratie est libérale, moins elle est démocratique".

 

samedi, 23 avril 2022

Macron-Le Pen: un dialogue entre sourds qui oublient le sens des mots

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Macron-Le Pen: un dialogue entre sourds qui oublient le sens des mots
 
par Frédéric Andreu

Les dialogue de sourds sont souvent les plus bruyants. Emmanuel Macron et Marine Le Pen viennent d'en donner une démonstration éclatante ce jeudi 21 avril 2022 à la faveur du traditionnel débat de l'entre-deux tours des élections présidentielles. Au cours du débat télévisé, le premier accusa la seconde de "nationalisme étroit", tandis que la seconde le qualifia d'"euro-mondialiste" et d'"incompétent", autant de noms d'oiseaux qui ne volèrent pas très haut.

"Incompétent" n'est d'ailleurs pas le mot que j'aurai personnellement choisi pour qualifier la politique du capitaine Macron au gouvernail de la France depuis cinq ans. Cela tombe bien, je ne fus pas convié au débat. Je dirai même que le Young Leader applique son plan politique avec une redoutable efficacité.
 
L'équation politique que veut résoudre Macron peut se résumer en ceci : créer les conditions d'une souveraineté européenne dans le cadre d'une Europe basée sur des valeurs qui ne sont pas européennes. Le comble est qu'il veut résoudre cette équation à partir d'un pays européen - la France - qui n'a plus de souveraineté depuis 200 ans, depuis le soir de la bataille de Waterloo pour être précis.

Mais ne rentrons pas dans un débat entre historiens qui nous obligerait à choisir entre gentils droits-de-l'hommistes et méchants complotistes. Ce débat-là ne nous intéresse pas.
 
Soulignons plutôt la perte totale des repères sémantiques des deux finalistes à la Présidentielle, leur discours truffé de statistiques et d'(im)postures verbales et non verbales, le manque de hauteur de vue, et l'ignorance crasse de l'Histoire.

Rappelons quelques faits. L'élection du Président de la République n'a été instauré en France que pour le maintien au pouvoir des vainqueurs de 1789. Elle est typique des fausses libertés imaginées par le pays légal pour contrer le pays réel. Elle fut instaurée, à la fin du XIXème siècle, pour rendre impossible le retour des Bourbons (le comte de Chambord) sur le trône de France. En plus de la valeur symbolique du nombre sept, le septennat fut imaginé en rapport au calcul de l'espérance de vie du dît comte de Chambord. On considérait que dans sept ans, il serait mort et que la république serait donc sauvée.

Au-delà de cette petite piqûre de rappel de faits historiques tombés dans les oubliettes, les deux candidats à la présidentielle 2022, semblent souffrir d'une autre maladie très française: la perte du sens des mots et des métaphores. Le terme "démocratie" martelé comme autant de clous dans un pays qui bat tous les records de consommation de tranquillisants, est révélateur. Répéter à longueur d'onde médiatique des mots tels que "démocratie", "racisme", "antisémitisme", c'est leur effacer tous sens et les remplacer par des clous de propagande.
 
Rappelons le sens d'un de ces mots cloutés en nous: "Démocratie". Ce mot provient de l'assemblage de deux mots grecs, "Démos et "Cratos": le "pouvoir par le peuple". Il fut forgé dans l'Athènes d'avant l'ère chrétienne, en un temps où le pays ne connaissait ni nation ni smartphone ni monothéisme. Pour les Grecs de l'époque, parler de "Demos" sans 'Ethnos" n'avait pas grand sens. Cette Ethnos est précisément ce que le système en place depuis 200 ans dans le monde et particulièrement en France cherche à transformer, voire à faire disparaître. On a même l'impression que plus l'Ethnos disparaît plus leur Demos est prospère. Pour couper court à toutes spéculations historiques, je propose à nos chers élites parisiennes qui se succèdent au pouvoir en France depuis 1789 - par la magie de l'entre-soi et des loges d'obédience diverses - d'acheter un billet de train Paris-Genève. Qu'ils descendent à la gare Cornavin, marchent dans les rues de la vieille ville, discutent avec les commerçants, les passants. Ils feront l'expérience non pas de la démocratie grecque mais de la "démocratie" moderne dans un pays européen. Ils feront l'expérience d'un espace citoyen circonscrit dans l'espace, où on prend le temps de respirer et de parler entre voisins et où le peuple a encore l'impression d'être souverain.

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Ces élites parisiennes seront peut être surpris de voir trois drapeaux flotter dans les places et les rues de Genève. Un drapeau de commune, un autre du canton, et un troisième plus connu, le fameux drapeau helvétique frappé de la croix blanche. Trois drapeaux pour trois niveaux de souveraineté, chacun étant organiquement lié au deux autres. Un détail ne leur apparaîtra pas à première vue: le drapeau de la confédération helvétique est le seul drapeau au monde de forme carrée. Quant à la République de Genève, elle ne dépasse pas la taille du canton éponyme et n'a aucune prétention à l'universalisme. A Lausanne prévalent d'autres lois, d'autres parlers, d'autres moeurs...

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En prenant un peu de hauteur, grâce notamment à la lecture de Denis de Rougemont, les cantons suisses organiquement liés entre eux, pourraient même leur apparaître comme une union européenne en petit. Les relations à la fois tendues et solidaires entre cantons pouvant être perçues comme un résumé des relations entre nations. Bref, nos élites rentreront sans doute peinés de ce voyage laborieux pour leur bonne conscience républicaine en revenant la tête pleine et les poches vides.
Les poches vides? En effet. Non pas que le prix du Vitell Fraise soit plus élevé à Genève qu'à Paris, mais parce que les "patriotes" qui gouvernent la France depuis Paris ont une fâcheuse tendance à laisser des sommes d'argent assez importantes dans les banques suisses...

Frédéric Andreu
Contact : fredericandreu@yahoo.fr 

vendredi, 22 avril 2022

Le débat Macron-Le Pen et la France sans vision

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Le débat Macron-Le Pen et la France sans vision

Le président s'est imposé grâce à son bagage technico-économique tandis que le "nouveau" leader patriotique vise l'électorat frontalier

par Gennaro Malgieri

Source: https://www.barbadillo.it/104085-il-dibattito-macron-le-per-e-la-francia-senza-visione/

Le débat télévisé Macron-Le Pen

Le dernier débat de la campagne électorale a montré qu'aucun des candidats n'a la stature des anciens présidents. Comme l'écrit Le Figaro, s'il est vrai que chaque camp a trouvé ses raisons, il est également vrai que Macron et Le Pen ont donné l'impression que "leur" France manque de vision politique et est donc incapable de jouer un rôle de premier plan sur la scène européenne.

Les deux prétendants ont trouvé des moyens et des mots pour être satisfaits du débat qu'ils ont animé. Tant Emmanuel Macron que Marine Le Pen ont couvert les domaines qui leur sont les plus favorables: l'économie, la finance et le développement pour le premier; l'identité française, l'Europe des nations, la controverse sur le quinquennat pour la seconde. Ni l'un ni l'autre n'a fait chavirer le cœur des Français. Les rabâchages et les vieux gags politiques n'ont pas fait rire les téléspectateurs, dont beaucoup ont dit s'ennuyer.

Justifiés par une situation interne et externe difficile, sur laquelle ni Macron ni Le Pen n'ont porté de coups décisifs, s'en tenant plus ou moins aux généralités, ils ont donné lieu à un affrontement sans âme. Dans lequel le pragmatisme du président est apparu grâce à son bagage technico-économique et à sa solide expérience gouvernementale. La "nouvelle" Le Pen, pour tenter de séduire l'électorat frontiste, s'est présentée comme rassurante, calme, pacifiante et a jeté aux orties les thèmes classiques de la droite française pour ne pas paraître excessivement répétitive. Bref, la leader du Rassemblement national a offert une image d'elle-même bien éloignée du cliché habituel qui l'a jusqu'ici "diabolisée": une modérée pour qui - c'est du moins ce que nous avons compris - l'euro et l'islam ne sont plus les principaux "dangers" qu'elle craignait il y a cinq ans.

Dans les derniers jours de la campagne électorale, il faudra voir quel effet aura le nouveau look politique de Le Pen, tandis qu'en face, on trinque presque déjà à la victoire car, objectivement, malgré les nombreuses erreurs qu'il a commises, Macron semble avoir, plus par le rôle qu'il a joué que par les intentions qu'il a exprimées, une plus grande maîtrise de ce qu'attendent les Français, c'est-à-dire une action sur les impôts, la sécurité, plus en rapport avec les préoccupations des citoyens qu'avec une Europe que lui et ses autres collègues sont incapables de gouverner.

Mme Le Pen a frappé son meilleur coup lorsqu'elle a déclaré, non sans l'approbation des téléspectateurs, du moins selon les opinions exprimées immédiatement après le débat, qu'elle voulait être "le président de la vie quotidienne, de la vraie vie", suscitant une réponse furieuse de M. Macron qui a déclaré "nous sommes tous dans la vraie vie". Mais ce n'est pas le cas, car la plupart des Français le perçoivent encore comme "le président des riches", la figure de proue de l'establishment, le candidat de l'élite. Mais cela ne suffit pas si, comme le montre un sondage Ipsos publié par Le Monde, 29% des 45% de l'électorat de Jean-Luc Mélenchon, leader de la France Insoumise, voteront pour Macron, tandis que les 16% restants convergeront vers Le Pen.

En bref, l'absence du Front républicain a été remplacée par la gauche afin de construire une barrière contre la montée de la candidate de droite : maigre consolation pour Mélenchon et les écologistes qui apportent à Macron en dot tout ce pour quoi la gauche l'a contesté, et en particulier une bonne partie de cette bourgeoisie conformiste déterminée à ne jamais changer au prix de devenir l'agneau sacrificiel des politiques sociales du président sortant.

Avoir "inventé" les gilets jaunes malgré lui, avoir humilié la France profonde avec ses politiques sociales, ne pas avoir tendu la main aux classes les plus modestes pour résoudre leurs problèmes, avoir utilisé la rhétorique écologique comme un attrape-votes, fait de Macron un heureux élu pour le préjugé anti-système (et même pas tant que ça) que Le Pen a continué, bien que comme "modérée", à poursuivre dans cette campagne électorale.

S'il est vrai qu'il existe un écart de dix points entre les deux, comme l'affirme Le Monde, qui rapporte toujours les données d'un sondage Ipsos, cela signifie que la France ne veut pas changer. Et les "candidats à la présidence" qui l'ont compris ne dépassent pas leurs frontières et ne tentent pas de rassembler tout ce qui est à leur portée. Macron parviendra probablement à l'emporter avec l'apport décisif de la gauche, ce qui le rend faible devant son propre électorat; Marine Le Pen perdra pour la deuxième fois pour le simple fait qu'en cinq ans elle n'a pas su construire une droite à la hauteur de ses ambitions, favorisant la naissance de Reconquête de l'antagoniste Éric Zemmour. La droite française n'a jamais été aussi divisée. Et cela est incroyable si l'on considère l'effondrement du parti inspiré de De Gaulle, évoqué par Le Pen, qui, avec les deux formations, ou du moins une partie d'entre elles, aurait pu changer le sort de la compétition.

Le dernier débat de la campagne électorale a montré qu'aucun des concurrents n'a la stature des anciens présidents (sauf Hollande, bien sûr). Comme l'écrit Le Figaro ce matin, s'il est vrai que chaque camp a trouvé ses raisons, il est également vrai que Macron et Le Pen ont donné l'impression que "leur" France manque de vision politique et est donc incapable de jouer un rôle de premier plan sur la scène européenne.

On s'attend à ce que Macron gagne, mais l'enjeu ne sera pas uniquement le sien. Il y aura un peu moins de la moitié de la France qui le regardera avec suspicion et, comme par le passé, ne l'aimera pas. Il deviendra président parce que ses adversaires n'ont pas été capables de le défier sur son terrain et d'appeler les Français à reprendre ce que la haute finance, le "système", leur a pris. En commençant par la fierté et une certaine idée de la grandeur qu'aucun président avant le vieux garçon d'Amiens n'avait jamais abandonnée.

@barbadilloit
Gennaro Malgieri

mercredi, 20 avril 2022

Pourquoi le Français va réélire Macron à hauteur de 60% (écrit avec Edouard Drumont)

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Pourquoi le Français va réélire Macron à hauteur de 60% (écrit avec Edouard Drumont)

Nicolas Bonnal

On va citer son testament à Edouard Drumont. Notre journaliste-penseur, maître de Bernanos, honni par nos flics de la pensée, ne se fait plus d’illusion sur ses compatriotes petit-bourgeois et laïcards apprivoisés à l’orée des années 1890; il observe que l’électorat parisien déjà adore réélire de banals conseillers municipaux ripoux:

« …Les Parisiens ont réélu la plupart des conseillers municipaux convaincus d'avoir trempé dans ces malpropretés. Ils les ont réélus très librement, avec des urnes très surveillées par des représentants de tous les partis,  par des gens de comités experts dans toutes les roueries électorales et qu'on ne met pas facilement dedans. »

Et de chercher une explication: l’ataraxie. Mieux même, la prostration.

« Tout vient se briser contre une indifférence absolue, contre une sorte d'ataraxie, d'impassibilité générale, qui n'est point l'ataraxie stoïque dont parle Proudhon, mais plutôt une inertie maladive, une prostration sur laquelle rien n'agit. »

Le cœur ne bouge plus trop :

« Les physiologistes connaissent bien ces phases passagères où le cœur est inexcitable. L'organe où l'humanité puise sa flamme a soudain des moments de repos, d'hébétude, de torpeur après lesquels il reprend son fonctionnement… A l'heure actuelle, malheureusement, ce n'est plus par saccades, c'est toujours que le cœur ne répond plus  aux excitants. Et comme ce bourdon, qui rythme nos artères, nos expansions et nos violences, dépend lui-même du cerveau, c'est toujours au cerveau qu'il faut chercher la cause des défaillances et des sommeils. »

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Et Drumont de s’interroger :

« Comment s'étonner alors que la lassitude saisisse ces entendements secoués, non plus la saine lassitude du travail, où se puisent des forces nouvelles, mais la dépression atonique où l’on a l’illusion de la vigueur ? »

Le monde moderne est là et son absence de réaction (sauf pour aller se vacciner ou pester contre le fascisme ou la Russie – toujours par conformisme et conditionnement):

« La Mort gagne le monde par l’insensibilité, par l’anesthésie. Cette anesthésie sociale, que l’on appelle l’ataraxie, envahit les masses, comme sa sœur envahit les êtres. Elle débute d'ici, de là, par plaques qui se rejoignent et couvrent bientôt le corps tout entier. Certaines régions intermédiaires jouissent d'une fausse excitation que l’on retrouve avant tous les désastres. Celui qu'attend la congestion bâtit des projets bienheureux. »

Le temps est à l’optimisme paresseux:

«Nous autres, au bord du gouffre, nous affirmons le Progrès indéfini, une ère joyeuse et libre. Au fond, nous ne croyons même pas à Demain, et nous nous en occupons très peu.»

Nous sommes entourés de frivoles en effet:

« Les frivoles rient jusqu'à la mort; les esprits moins légers, ceux qui réfléchissent sur les spectacles que la vie déroule devant eux et qui s'irritent de ce qu'elle leur cache, ne peuvent se défendre de la tristesse qui se dégage de tout... Cor sapientium ubi tristitîa...»

On chasse le pessimisme (pas de grand remplacement, pas de gouvernance mondiale, pas de dictature sanitaire, pas de complots…):

« Les Français modernes n'ont rien de tout cela. Les troublantes théories de Schopenhauer comme les belles désespérances de Tolstoï, vastes et désolées comme des steppes, les laissent parfaitement indifférents. Intellectuellement, c'est trop fort pour eux, trop étendu d'horizon, trop intense de pensée; cela les  obligerait à trop de méditation ».

Et on se contente de peu intellectuellement et moralement et spirituellement :

« La conception que les Français contemporains ont de la vie n'a d'analogue dans aucun temps, elle est tout à fait particulière à notre époque. Notons tout d'abord que si la vie moderne s'est compliquée au point de vue des faux besoins et des raffinements du bien-être, elle s'est singulièrement simplifiée au point de vue moral; comme une espèce de Peau de chagrin, elle se rétrécit tous les jours sous ce rapport. »

Le monde moderne a créé son homme en France, pays de la Révolution (voyez nos textes sur Cochin) et du bourgeois (Taine) :

« Le régime moderne a créé, on peut le dire, un type d'être spécial que l'on serait tenté d'appeler le contribuable; car, en réalité, si on demandait à beaucoup d'hommes de ce temps pourquoi ils sont sur la terre, ils seraient bien embarrassés de répondre et finiraient  par vous dire:

— Ma foi, pour faire notre service militaire, pour acquitter nos contributions et pour payer notre terme ».

S’ensuit une belle comparaison animale :

« Les Français sont admirablement dressés à toute cette organisation fiscale; ils sont comme les méharis qui s'agenouillent pour qu'on puisse les charger plus facilement, ou comme les chevaux de renfort d'omnibus qui, leur besogne faite, vont tout seuls rejoindre leur place au bas de la montée et attendent là qu'on les attelle de nouveau… »

Sources :

Drumont, Testament, III, 1, p.171-172 (archive.org).

https://archive.org/details/letestamentduna01drumgoog

https://www.revuemethode.org/m101828.html

https://strategika.fr/2020/07/19/augustin-cochin-et-le-pi...

https://strategika.fr/2021/08/01/pass-sanitaire-biopoliti...

https://reseauinternational.net/terreur-republicaine-et-d...

 

samedi, 16 avril 2022

France. La somme ne fait pas le total

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France. La somme ne fait pas le total

par Roberto Pecchioli

Source: https://www.ideeazione.com/francia-la-somma-non-fa-il-totale/

Le premier tour des élections présidentielles françaises évoque un vers du comique italien Totò (1898-1967) : c'est la somme qui fait le total. Dans ce cas, par la négative ; la somme ne fait pas le total, car une fois de plus, une anomalie des démocraties libérales autoproclamées s'est manifestée : la majorité des citoyens a voté contre le système, mais le système a gagné. Le 24 avril, cette vérité sera confirmée par le second tour entre Emmanuel Macron, le président en exercice, jeune gentleman de l'écurie Rothschild prêté à la politique, et Marine Le Pen, son adversaire, décrite comme une représentante de l'extrême droite.

Le schéma est le même que lors des élections précédentes et le résultat sera le même, même s'il est certain que la différence de voix entre l'homme de l'oligarchie et la femme de l'opposition sera beaucoup plus faible qu'en 2017, lorsque le schéma classique de la politique - pas seulement française - a fonctionné à la perfection, à savoir la conventio ad excludendum, le cordon sanitaire contre Le Pen, qui avait déjà été testé jadis contre son père Jean Marie.

Un coup d'œil aux chiffres : Macron a obtenu un peu plus de 27%, Le Pen plus de 23%, dépassant le troisième venu, Jean Luc Mélenchon, champion de la gauche sociale, d'environ un demi-million de voix. La défaite des partis politiques qui ont dominé la scène transalpine pendant des décennies a été dévastatrice : un humiliant 4,7 % pour la représentante de la droite modérée, Valérie Pecresse, et même 1,7 % pour Anne Hidalgo, la maire socialiste de Paris. Les résultats des écologistes et du candidat communiste, fidèle allié des socialistes, ont été très modestes. En revanche, le résultat du candidat rural conservateur, Jean Lassalle, est flatteur, avec un score peu impressionnant de 3 % des voix. Les 7 % recueillis par le polémiste d'extrême droite Eric Zemmour, un juif d'origine maghrébine, qui a mobilisé un nombre considérable de jeunes et imposé plusieurs thèmes de campagne, sont contradictoires.

Les deux candidats ultra-communistes ont fait chou blanc, avec un résidu de 2% pour le souverainiste Dupont Aignan, le seul à s'être rangé du côté de Marine Le Pen au second tour il y a cinq ans. Le taux d'abstention a été intéressant, atteignant 28% - un record - auquel il faut ajouter un nombre ostensible de citoyens non inscrits sur les listes électorales, une mesure préventive que la France partage avec les Etats-Unis.

Un Français sur trois n'a pas voté, et bien plus de 50% (Le Pen, Mélenchon, Lassalle, Dupont Aignan, l'ultra-gauche, certains partisans de Zemmour et les communistes "officiels") sont allés aux forces anti-establishment. Cependant, ceux-ci perdront, car la somme ne fait pas le total, c'est-à-dire qu'il est impensable que les opposants à Macron et à l'establishment convergent massivement vers la candidature de Le Pen. Au contraire, le réflexe conditionné de barrer la route à l'extrême droite a déterminé - alors que le dépouillement est encore en cours - le déploiement unanime des communistes, des socialistes, des écologistes et de la droite modérée et étourdie en faveur de Macron. Le soutien attendu de l'ancien président Sarkozy à son successeur est également arrivé.

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De manière cryptique, Mélenchon a exhorté les gens à ne pas voter pour Marine Le Pen, mais a évité de prendre le parti de Macron. Il semble que beaucoup ne l'écouteront pas: un tiers de ses électeurs serait prêt à voter pour Le Pen. Quoi qu'il en soit, la victoire de Macron ne fait aucun doute, même si l'écart ne sera pas énorme. Le système de pouvoir gagnera malgré le fait qu'il soit manifestement minoritaire parmi les citoyens. Un scénario similaire à celui de l'Italie, ressemblant de plus en plus à celui de l'Espagne et de l'Allemagne. Les anciennes "grandes" familles politiques du vingtième siècle qui se partageaient le pouvoir en faisant semblant de se le disputer (socialistes, popularistes démocrates-chrétiens, libéraux) ont de moins en moins d'audience dans l'opinion publique, mais elles parviennent à maintenir leur emprise sur la société parce que leurs adversaires sont politiquement incompatibles, querelleurs, en proie à des conflits passés et à des idiosyncrasies rédhibitoires. Diviser pour mieux régner, la plus ancienne leçon de pouvoir.

L'addition ne fait pas le compte et des millions de personnes, en France, en Italie et partout ailleurs, se réfugient dans l'abstention, dans l'indifférence rancunière, dans la radicalisation verbeuse. Pensons, en clé italienne, à l'immense déception de la grillina, qui a rassemblé en 2018 un électeur sur trois et a été instantanément apprivoisée et cooptée dans les mécanismes du pouvoir. Le sort de la Ligue, devenue l'alliée du gouvernement Draghi, le vice-roi des puissances fortes dont le métier est de liquider ce qui reste de la souveraineté, de l'économie et de la nation, n'est pas différent.

Les réactions italiennes au résultat des élections sont significatives : seul Salvini est favorable à Le Pen, tandis que Berlusconi fait l'éloge du "libéral et modéré" Macron et que Giorgia Meloni se déclare neutre, attendant le parti de Zemmour et la minorité gaulliste anti-Macron. Un intellectuel conservateur, Marco Gervasoni, souhaite la victoire de Macron parce qu'il est de droite.  Regardons les choses en face : il a raison. L'ancien fonctionnaire de Rothschild et ancien ministre socialiste est le produit d'une intuition de Giovanni Agnelli : la meilleure droite est le centre-gauche. Le droit de l'argent et la gauche de la morale se rencontrent au centre pour les affaires, comme l'a écrit un intellectuel socialiste, Jean-Claude Michéa. Macron est le croisement parfait entre la riche gauche "progressiste" - caviar, dit-on en France - et la vraie droite - libérale, atlantiste, mercatiste.

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Il est désormais inconvenant de considérer Marine Le Pen comme "d'extrême droite". Elle est la favorite des ouvriers français et des classes populaires: son programme social est tout sauf libéral, et ses mots d'ordre très clairs sur l'immigration et la culture de l'effacement sont moins radicaux que ceux de Zemmour, dont la base électorale est constituée des classes moyennes supérieures. Le schéma déjà vécu en Amérique se répète: Trump représente les valeurs morales traditionnelles et les grands secteurs territoriaux et sociaux des perdants de la mondialisation; les Démocrates représentent les classes supérieures urbaines et le radicalisme sur les questions éthiques et sociales.

Le 10 avril 2022, la France a montré que le schéma gauche-droite ne signifie presque plus rien. Elle est utilisée par le pouvoir en place pour se maintenir en place tout en diabolisant l'adversaire, en exerçant un chantage et en ralliant à lui les milieux et les classes dont les intérêts divergent des politiques concrètes mises en œuvre par les groupes dirigeants, qu'ils soient de centre-gauche ou de centre-droit. Le système de parti unique l'emporte en raison de l'incapacité persistante à trouver un terrain d'entente pour une vaste opposition à la fois politique, sociale, éthique et fondée sur des valeurs.

Le schéma est évident pour toute personne qui observe la réalité sans œillères: pas de droite/gauche, mais du haut/bas, centre/périphérie, exclus/gratifiés, villes/campagnes et banlieues, gagnants/perdants de la mondialisation, mondialistes/souverainistes et identitaires. En ce sens, les électeurs de Macron seront principalement des fonctionnaires, des professions libérales, des travailleurs de haut niveau dans les nouvelles technologies, des employés des secteurs économiques "forts" et des grandes villes. Le reste de la société est déjà son ennemi, comme le montre la révolte des gilets jaunes, les vagues de grèves et de manifestations populaires, l'opposition farouche à l'augmentation de l'âge de la retraite.

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Chaque nuit, la France est secouée par des émeutes, tandis que dans au moins sept ou huit cents quartiers (les banlieues), la police n'entre plus, soustraite de fait à l'autorité de la fière République. La nuit des élections a vu la dévastation de plusieurs villes, démontrant comment le modèle jacobin d'assimilation de grandes masses non-européennes a échoué de manière retentissante, tout comme les tentatives d'intégration. La France est aujourd'hui ce que l'Italie sera très bientôt.

La géopolitique joue un rôle important. La France aime se considérer comme une grande puissance sans en être une, mais elle conserve un certain degré d'indépendance internationale. Macron n'a pas épousé sans critique la ligne américaine sur le conflit ukrainien et a besoin d'accords avec l'avancée de l'axe russo-chinois en Afrique, où les intérêts français dans les pays dont la monnaie est encore le franc colonial émis par Paris sont énormes. Marine Le Pen interprète un sentiment répandu en promettant, en cas de victoire, de sortir le pays du commandement intégré de l'OTAN, une position gaulliste.

Cependant, la question à se poser est autre: la chef du Rassemblement national peut-elle vraiment devenir président ? La réponse est non. L'Europe, le système atlantique, l'oligarchie non élue de l'Occident peut tolérer - avec un agacement croissant - la petite faction hongroise, supporter l'anomalie polonaise dans une clé anti-russe, mais elle ne peut accepter une France désalignée, souverainiste et protagoniste de politiques migratoires, financières et sociales qui ne sont pas conformes à ses intérêts d'oligarchie. Une victoire de Le Pen plongerait probablement la France dans un climat insurrectionnel dont le feu serait attisé par les puissances financières, économiques et militaires mondialistes.

Cela signifie que la France, même fière, est un pays à souveraineté limitée et que la démocratie - c'est-à-dire la participation et la décision du peuple sur son propre destin - n'est qu'un vain mot. Cela fonctionne tant que celui qui leur plaît gagne, cela devient de l'extrémisme, du populisme et tout court du fascisme ou du communisme si un peuple décide d'une manière qui diffère de la volonté de ceux qui dominent le monde et contrôlent la presse, l'économie, la culture, la finance et la politique. Sous Macron, le fonds géant Black Rock a pénétré en France avec un succès retentissant, tout comme un géant du conseil, McKinsey.

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Déjà soupçonné d'avoir piloté la campagne présidentielle de 2017 en fonction des intérêts américains, le groupe a remporté des contrats d'une valeur de 2,3 milliards d'euros pour travailler sur des questions allant de la réforme des retraites à la numérisation. Malgré la force et la qualité traditionnelles des cadres supérieurs français, Macron a privatisé les grands choix, qui plus est à une société étrangère. Mc Kinsey est également accusé de ne pas avoir payé un centime d'impôt en France: c'est probable, car les sociétés de services - déterritorialisées comme les Gafam - parviennent à échapper à l'impôt partout, avec un réseau de sociétés, de facturation carrousel et de bureaux fictifs dans les paradis fiscaux. Selon le politologue français Thierry Meyssan, "le groupe McKinsey a réalisé un véritable exploit en élisant à la présidence un homme politique inexpérimenté afin de détruire la société française".

McKinsey et le Boston Consulting Group sont devenus les conseillers du gouvernement en matière de politique de défense, de climat et de migration, ainsi que dans le développement de stratégies épidémiques. Il y en aurait assez pour évincer le président, qui est également soupçonné d'évasion fiscale pendant les périodes où il a travaillé comme intermédiaire d'affaires de haut niveau. Des rumeurs, des soupçons, peut-être, qui s'abattraient pourtant comme des rochers sur le candidat Macron s'il n'était pas l'élu du système. En 2017, un scandale a été monté contre son adversaire le plus accrédité, le gaulliste François Fillon, qui n'a abouti à rien, l'accusation d'avoir employé sa femme comme eurodéputée avec un salaire de commis. La route était pavée pour l'enfant prodige.

Croyons-nous encore à la volonté du peuple, à la régularité matérielle des élections, à la possibilité réelle que les demandes du peuple l'emportent, quelles qu'elles soient ?  Si l'alternative n'est pas au goût des échelons supérieurs, ils organisent une campagne de diabolisation. Cela a fonctionné pendant des années, cela fonctionnera également au second tour entre Macron et Le Pen. Une fois encore, la somme ne s'additionnera pas. Mais c'est peut-être la dernière fois : bientôt la vague, d'où qu'elle vienne, qui l'incarne, ne pourra plus l'arrêter. Ou ils suspendront les délais inutiles, les procédures fatiguées de "leur" démocratie. En Italie, ils l'ont déjà fait.

mercredi, 02 mars 2022

France - La Dictature En Marche : les candidats prorusses privés de parrainages ?

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France

La Dictature En Marche : les candidats prorusses privés de parrainages ?

Nicolas Bonnal

Nous affrontons en France l’an V de la dictature. Régis de Castelnau a rappelé :

« La campagne de l’élection présidentielle 2022 est un grand révélateur de la déshérence politique dans laquelle se trouve notre pays. En 2017, un trio constitué de la haute fonction publique d’État, de l’oligarchie économique et de la magistrature politisée, a organisé de longue main un coup d’État pour faire élire à la magistrature suprême un parfait inconnu.

S’appuyant sur l’essentiel de l’armature politique du Parti socialiste, Emmanuel Macron a ainsi réalisé un hold-up mettant la dernière main à la destruction des institutions républicaines. Une Constitution en lambeaux, plus de séparation des pouvoirs, plus de mécanismes de contrôle démocratique, corps intermédiaires mis hors-jeu, multiplication des règles et des initiatives proprement liberticides : la France, si elle ne peut être qualifiée de dictature, ne peut plus être considérée aujourd’hui comme une démocratie… »

En réalité il me semble que le coup d’Etat en France a commencé avant (s’il n’est, comme dirait Mitterrand, permanent) : arrivée du syndic de faillite Lagarde aux affaires, élection du pion yankee Sarkozy et surtout l’élection de Hollande qui avec Macron et Valls a tout pourri dans ce qui nous restait de république.

Comme on sait l’absence de résistance rend les tyrans plus fous et plus sanguinaires. Tel joueur de tennis (Monfils) flingué par le vaccin sera vilipendé par les médias ; tel gosse vacciné mais dépourvu de son masque, fût-ce en faisant un effort sportif, sera viré de son école sous les applaudissements de ses petits camarades ; tel dirigeant russe occupant une région martyr sans tirer un coup de feu sera comparé à Hitler ravageant la Pologne. Mais comme la Russie n’est pas la Lybie et que l’armée US ne vaut plus tripette (cf. Scott Ritter), il n’est pas question de lui faire la guerre. On reparle de sanctions jusqu’au jour mérité où la Russie asphyxiera les Européens prostrés et anesthésiés et filera son gaz aux Asiatiques plus fiables, plus riches et moins moralistes. Car « la vieille race blanche » des boomers et des bobos commence à nous les gaver.

Cela n’empêche pas l’animal blessé de devenir fou et dangereux. Il se venge alors sur les gilets jaunes et sur les petits candidats qui sont dépourvus de signatures s’ils sont jugés prorusses. Philippe Grasset a écrit :

« Face à Macron, sur ce sujet, une étrange ligne de bataille : Le Pen-Mélenchon-Zemmour. Peut-être se trouvera-t-il un grand esprit pour considérer que ces trois-là, qui représentent à peu près 40% des votants selon les chuchotements sondagiers, doivent subir les foudres d'une justice quasi-divine pour les punir d’être compréhensifs pour le Diable, en étant interdits des 500 signatures qui leur permettraient d’être candidats. Je pense que c’est bien la sorte d’état d’esprit qui conduit les raisons cannibalisées de ceux qui sont toute inconscience-toute innocence, au Culte de la Doxa, ou divinum lumen. Avec eux le Déluge, comme disait Noé. »

En effet nous allons nous retrouver sans candidats d’opposition (même contrôlée, mais ce n’est pas la question ici), et avec un Macron réélu face à Artaud et Hidalgo, à charge pour la Pécresse de fournir un feu d’artillerie verbale dont on sait qu’elle a le secret.

Pour moi la république est une farce tranquille et je pense comme l’Auteur de la controverse de Sion que depuis qu’elle est républicaine la France est la terre du fiasco récurrent (the land of recurrent fiasco, p. 603). Ce n’est pas une raison pour bouder son plaisir et c’en est une (de raison) de rappeler qu’au pays du passe et du masque éternel, du vaccin pour tous et de la presse orwellienne, il est bon de relire Drumont : ne fût-ce, comme dirait Bloy, que pour exaspérer les imbéciles.

« Les Français sont admirablement dressés à toute cette organisation fiscale (NDLR : ou autre) ; ils sont comme les méharis qui s’agenouillent pour qu’on puisse les charger plus facilement ou comme les chevaux de renfort d’omnibus qui, leur besogne faite, vont tout seuls rejoindre leur place en bas dans la montée et attendent là qu’on les attelle de nouveau. »

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Et Drumont ne les avait pas vus dans le métro ou à la pizzéria, codés, vaccinés et masqués.

La réélection de Macron sur fond de candidats et d’électeurs cocufiés, de passe éternel et de triplement du prix de l’électricité et de réforme des retraites enchantera au moins les rares Français lucides. Le petit nombre des victimes (Léon Bloy encore) ne tempèrera pas notre joie cette fois. Car Macron réélu jettera à la poubelle avec leurs occupants neuf millions de maisons jugés polluantes. On espère que flics et gendarmes sauront montrer alors leur zèle coutumier.

Et le reste est littérature.

Sources principales :

https://www.revuemethode.org/m101828.html

https://www.dedefensa.org/article/la-montagne-qui-rugissait

https://ia800304.us.archive.org/35/items/LaControverseDeS...

https://www.rt.com/op-ed/547526-us-power-biden-ukraine/

https://books.googleusercontent.com/books/content?req=AKW...

https://www.bfmtv.com/immobilier/renovation-travaux/sous-...

vendredi, 11 février 2022

La guerre au Mali, la raison des discussions Poutine-Macron  

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La guerre au Mali, la raison des discussions Poutine-Macron

John Helmer

Ex: http://aurorasito.altervista.org/?p=22543

Les dommages que les empires européens ont causés à l'Afrique, en particulier les Britanniques, les Français et les Italiens, ont toujours été mis en accusation publique à Moscou: depuis la politique des tsars russes à l'Union soviétique et au président Vladimir Poutine. C'est lors de la conférence des Alliés à Potsdam, en juillet 1945, que le dirigeant soviétique Josef Staline a pris la peine de dire au président américain Harry Truman, ainsi qu'au premier ministre britannique Winston Churchill, que l'Union soviétique voulait prendre en charge la tutelle de la Libye sous le protectorat de l'ONU, et ainsi assurer la protection des Libyens contre le retour de la domination coloniale italienne. Churchill voulait le retour des Italiens ; le département d'État de Truman voulait la même chose, mais ne semblait pas trahir publiquement la promesse faite par Washington en temps de guerre, à savoir que la Libye, où les armées alliées ont vaincu les armées italiennes et allemandes au prix de très nombreuses vies libyennes et de la destruction d'une quantité de biens libyens, deviendrait indépendante.

La politique soviétique en Afrique n'a pas empêché l'US Air Force de transformer la Libye en une base nucléaire contre l'URSS. Mais le 1er septembre 1969, lorsque Mouammar Kadhafi a destitué le roi de Libye, son gouvernement et la base aérienne de Wheelus, une force navale soviétique de soixante-dix navires, dont le porte-avions Moskva, a occupé la mer entre la Crète et la côte libyenne, protégeant Kadhafi de l'intervention américaine et britannique. Depuis la reprise de l'intervention nord-américaine, française et britannique en Libye en 2011, et l'assassinat de Kadhafi en octobre de la même année, M. Poutine a publiquement répété qu'il regrettait l'inaction du président de l'époque, Dmitri Medvedev, qui s'était opposé à ces deux événements. Ce qui a suivi en Libye, a répété M. Poutine, a conduit à des guerres désastreuses dans les États africains au sud de la Libye, notamment au Mali, et à un afflux de réfugiés africains de la Libye vers l'Europe.

Les organes de propagande anglo-américains et européens accusent désormais le Kremlin d'intervenir militairement au Mali et dans d'autres États africains avec les opérations du Groupe Wagner. Cette question est apparue directement lors des six heures d'entretien de M. Poutine avec le président Emmanuel Macron au Kremlin. Il en a été ouvertement question lors de la conférence de presse qui a suivi.

La guerre au Mali n'a pas été identifiée comme une question importante dans les déclarations à la presse préparées par Poutine ou Macron.

Au lieu de cela, lors de la séance de questions-réponses, un journaliste français a demandé à Poutine : "Quant au Mali, pouvez-vous dire que votre gouvernement n'est en aucun cas lié aux mercenaires du Mali ?" Poutine a répondu : "Tout d'abord à propos du Mali. Le président Macron a soulevé cette question à plusieurs reprises, nous en avons discuté avec lui et le président Macron connaît notre position. Le gouvernement russe, l'État russe n'ont rien à voir avec les entreprises qui travaillent au Mali. Pour autant que nous le sachions, les dirigeants maliens n'ont pas à se plaindre des activités commerciales de ces entreprises". "Suivant la logique qui peut être appliquée à l'OTAN, aux États membres actuels et aux membres potentiels, si le Mali a choisi de travailler avec nos entreprises, il a le droit de le faire. Mais je tiens à souligner, j'en parlerai au président Macron après cette conférence de presse, je tiens à souligner que l'État russe n'a rien à voir avec ces entreprises. C'est lié aux intérêts commerciaux de nos entreprises, qui coordonnent leurs activités avec les autorités locales. Nous allons y jeter un coup d'œil, mais nous n'avons rien à voir avec cela. C'est le premier point".
Macron n'a pas fait de commentaire.

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Macron et Poutine ont de nouveau été invités par un journaliste français à aborder la question du Mali. "M. Macron, pourriez-vous également répondre à la question concernant la présence de PMC Wagner et si la Russie est impliquée de quelque manière que ce soit ?" Poutine a répondu: "J'ai déjà traité cette question. J'ai déjà précisé que l'État russe n'a rien à voir avec cela. Je dis cela de manière tout à fait responsable, sans aucune intention cachée. Les autorités locales les invitent au niveau de l'État, les remercient pour leur travail, etc."

Macron a déclaré: "En ce qui concerne le groupe Wagner, la réponse du président est très claire. La France ne reconnaît que les États et la lutte contre le terrorisme. Par conséquent, nous prenons des décisions en matière de lutte contre le terrorisme à l'égard des États souverains et en étroite coordination avec la région. Dans ce cas, nous consultons la CEDEAO et l'Union africaine".

Le lendemain des négociations du Kremlin, un article détaillé sur les opérations françaises au Mali et l'implication du groupe Wagner a été publié dans la publication moscovite Vzgljad ("Point de vue"). En raison de la qualité de l'analyse des arguments stratégiques et des sources, Vzgljad peut être interprété comme reflétant les évaluations des services de renseignement russes. Cette évaluation de la guerre au Mali, qui replace dans leur contexte les commentaires de Poutine et de Macron au Kremlin, a été rédigée par le journaliste de Vzgljad Evgenij Krutikov. Et il n'a cité aucune source.

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Comme la Russie a humilié la France en Afrique, les combats dans le désert ont leurs propres caractéristiques

Evgenij Krutikov

Ces dernières années, l'Afrique occidentale est devenue une région où la France a rapidement perdu son ancienne influence. Mais là-bas, on entend parfois exprimer de la gratitude envers les citoyens russes, et cela rend Paris très nerveux. Pourquoi ce qui se passe place-t-il la France dans une position extrêmement inconfortable, et comment la Russie y est-elle parvenue ?

Outre la situation en Ukraine, la situation en Afrique de l'Ouest a également été évoquée lors de la rencontre entre Vladimir Poutine et Emmanuel Macron. Ce qui se passe à Paris est perçu de manière extrêmement douloureuse et, après tout, des citoyens russes y participent également. Une situation particulière s'est développée au Mali, où les nouveaux dirigeants militaires ont expulsé l'ambassadeur français après que Paris a commencé à la qualifier de "junte illégitime". Selon diverses sources, plusieurs centaines de Russes étaient arrivés au Mali, vraisemblablement par le biais de sociétés militaires privées.

Au cours de la rencontre, Vladimir Poutine a expliqué à Emmanuel Macron la situation de l'implication russe au Mali. Concernant le Mali, M. le Président [de la France] a soulevé cette question à plusieurs reprises, nous en avons discuté et il connaît notre position. Le gouvernement russe, l'État russe n'a rien à voir avec les entreprises opérant au Mali. Selon la logique générale relative à [la politique de] l'OTAN et des membres de l'alliance, si le Mali fait le choix de travailler avec nos entreprises, il a le droit de le faire. L'État russe n'a rien à voir avec cela", a souligné une nouvelle fois M. Poutine.

Dans ce contexte, la République centrafricaine (RCA) a une nouvelle fois évoqué le rôle positif des instructeurs militaires russes. La Russie a aidé les autorités de la RCA à rétablir l'ordre dans le pays en l'espace d'un an, alors que l'Occident n'a pas réussi à le faire pendant des décennies. C'est ce qu'a déclaré l'ambassadeur de la RCA auprès de la Fédération de Russie, Leon Dodon-Punagaza, comme le rapporte RIA-Novosti. Avec les Français, les Nord-Américains et les autres, combien d'années avons-nous été amis et qu'ont-ils fait ? De tels groupes militaires n'ont pas apporté la paix à la République centrafricaine depuis des années", a noté le diplomate. Il a remercié Moscou pour son aide et a noté que la situation dans la république avait été terrible. D'un point de vue militaire, la situation au Mali est radicalement différente de celle de la RCA. En Afrique centrale, il y avait un enchevêtrement de conflits internes. Au Mali et dans certains pays voisins (Burkina Faso, Niger), on assiste à une invasion de groupes djihadistes liés à Al-Qaïda et à l'État islamique.

La majeure partie du territoire malien est semi-désertique (Sahel) ou désertique sableux ; les forêts tropicales n'occupent qu'une petite partie du pays, au sud. En conséquence, la population du Mali est composée d'une proportion inégale de deux groupes ethniques non apparentés : les Noirs (Mandika, Fulbe, Bambara et autres) dans le sud et le centre du pays, et les Touaregs dans le désert du nord. Plus de la moitié de la population malienne vit dans la partie sud du pays, tandis que les Touaregs (environ 10% de la population) occupent formellement une grande partie du Sahel et du désert. Les Touaregs ont longtemps réclamé l'indépendance, puis l'autonomie et enfin des révoltes armées. Mais ces dernières années, la menace extérieure commune, sous la forme de djihadistes venus du territoire voisin de la Libye détruite, a uni les groupes ethniques du Mali. Les chefs touaregs ont officiellement abandonné le conflit avec le gouvernement central du Mali et ont demandé de l'aide contre les djihadistes. Nous parlons donc exclusivement de la lutte contre le terrorisme dans sa tournure djihadiste classique. En outre, les Touaregs étaient extrêmement effrayés par le comportement des djihadistes : la destruction de célèbres monuments historiques à Tombouctou et les exécutions publiques selon la charia. Les combats se sont déroulés dans le semi-désert et le désert. Les détachements djihadistes utilisent des tactiques de raid classiques, se retirant périodiquement dans le Sahara libyen où il est presque impossible de les atteindre. De plus, les djihadistes tendent régulièrement des embuscades sur la seule route menant au Diré et à Tombouctou.

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Dans une telle situation, il ne vaut pas la peine d'attendre un effet rapide ("le garde forestier russe est arrivé et a dispersé tout le monde"), comme ce fut le cas, par exemple, en RCA. Ces attentes sont gonflées par le comportement passif des Français et des petits contingents européens qui les ont rejoints dans le cadre des opérations Serval et Barkhane (par exemple, la Lettonie a héroïquement envoyé quatre soldats au Mali).

Qu'est-ce qui a marché et qu'est-ce qui n'a pas marché avec les Français ? Lors de la première phase de l'opération Serval en janvier 2013, les Français utilisaient activement des avions de combat Mirage et Rafale pour bombarder tout ce qui bougeait dans le nord-est du Mali. Ils ont ensuite envoyé 500 parachutistes et toute l'armée malienne à Tombouctou. Les djihadistes n'ont pas pu résister et, en février, les Français ont occupé Tombouctou. Et là, ils ont construit une base, maintenant occupée par les Russes. C'est un succès incontestable, car les Maliens ne pouvaient pas faire face aux djihadistes par eux-mêmes. Il ne faut donc pas croire que les Français ont toujours été inactifs. De plus, les Français ont fait face à une forte résistance inattendue et ont décidé de se réorganiser. Ils ont eu la révélation que les barbus enturbannés de Libye étaient bien entraînés, qu'ils disposaient d'armes modernes et qu'ils étaient prêts à résister jusqu'au bout.

Lors de la " bataille pour la ville de Kona ", mi-janvier 2013, les Français ont perdu un hélicoptère et son équipage, abattus par des djihadistes. Cela a rendu les Français très tendus. Le résultat est la nouvelle opération "Barkhane". Selon l'idée de Paris, il s'agissait d'entourer le semi-désert d'un réseau de bases militaires au Tchad, au Mali, au Burkina Faso, en Mauritanie, au Sénégal et en Côte d'Ivoire et d'étrangler les djihadistes en les privant de ravitaillement. À partir de ce moment, le comportement des Français et des alliés (50 soldats sont envoyés par un autre guerrier nordique épique, l'Estonie ; plusieurs centaines sont envoyés par l'Allemagne) devient exceptionnellement passif.

L'objectif était d'utiliser des hélicoptères (britanniques et allemands) pour détruire les caravanes des djihadistes dans le désert et mener des opérations d'assaut ciblées. Mais il est vite apparu que les hélicoptères livrés au Mali n'étaient pas adaptés aux opérations dans le désert et que leur blindage était insatisfaisant, même pour les tirs d'armes légères depuis le sol. Les hélicoptères sont inutilisables, ce qui rend l'opération Barkhane inutile, car la pénétration dans le désert devient techniquement impossible. Au moindre contact avec le feu terrestre, les Français se cachent dans leurs bases. Le commandant de l'opération, le général Pierre de Villiers, a interrogé Paris sur l'élargissement de l'opération et le changement de tactique, mais n'a reçu aucun soutien et a démissionné. Le conflit entre un représentant de l'une des plus anciennes familles aristocratiques de France et le président Macron en est venu à ce que ce dernier renvoie de Villiers de l'armée.

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En novembre 2019, les Français ont tenté de mener une opération d'envergure au carrefour de trois frontières - Mali, Burkina Faso et Niger. Mais dans une tempête de sable, les hélicoptères ont été perdus ; deux sont entrés en collision et 13 soldats français sont morts. Par la suite, l'opération Barkhane a été réduite à des opérations de routine. Les Français ont commencé à accuser ouvertement les FAMA, l'armée malienne, et non eux-mêmes, d'inaction. Dans le même temps, ils n'ont même pas levé le petit doigt pour renforcer la FAMA ; au contraire, ils l'ont traitée comme un auxiliaire. Et ce, malgré le fait que les Maliens avaient subi de lourdes pertes dans des batailles terrestres que les Français évitaient traditionnellement. Cela a irrité les Maliens et créé un contexte émotionnel négatif pour les Français, car leur comportement rappelait une relation coloniale et non un partenariat égalitaire.

Avec les Russes, c'est le contraire. Au départ, il avait été annoncé qu'ils ne participeraient pas aux combats mais qu'ils formeraient les Maliens. Les premiers instructeurs de l'ancienne base française de Tombouctou ont été engagés dans la formation du personnel. Mais dans le même temps, les estimations occidentales du nombre de Russes variaient considérablement. Par appréhension, leur nombre a été exagéré à 500. Selon des estimations plus modestes, ils seraient entre 200 et 300. Tout a commencé avec quatre instructeurs. Leurs photos ont été activement publiées dans les médias français. Sur le plan purement militaire, il s'agit pour l'instant d'établir un contrôle total de l'autoroute Bamako-Timbuktu (Tombouctou). C'est là qu'a eu lieu le premier affrontement, auquel, vraisemblablement, les Russes ont pris part. Un convoi de l'armée malienne est tombé dans une embuscade près de Bandiagara, dans le centre du pays. Il a été rapporté qu'un véhicule blindé de transport de troupes avait sauté par-dessus une mine, après quoi une fusillade a eu lieu et l'un des Russes aurait été blessé. On parle de plusieurs djihadistes tués au Mali, mais ce qui est absolument certain, c'est qu'il n'y avait pas de "prisonniers" parmi les Russes.

Des sources françaises insistent sur le fait que la nouvelle direction militaire du Mali mène délibérément une opération visant à chasser la France de la région et coordonne virtuellement cette ligne avec plusieurs pays voisins. Après l'expulsion démonstrative de l'ambassadeur de France de Bamako, voici ce qu'il en est à Paris. Aujourd'hui, le quartier général de l'opération militaire française (si on peut encore l'appeler ainsi) est transféré en Côte d'Ivoire, fidèle à Paris, dans la plus grande ville de ce pays : Abidjan. Les Français s'enlisent. D'une part, l'opération militaire en Afrique de l'Ouest a effectivement échoué. D'autre part, d'une certaine manière, il ne faut pas l'admettre. Mettre fin à l'opération Barkhane et s'envoler, c'est perdre la face et, de plus, admettre que les tactiques russes se sont avérées plus efficaces.

Pour être tout à fait honnête, il n'est toujours pas clair dans quelle mesure les Russes sont plus efficaces au Mali que les Français qui avancent péniblement dans les dunes depuis des décennies. Il ne sera possible de fournir des estimations précises qu'à la fin de cette année, lorsqu'il sera possible de former quelque chose de prêt au combat dans les FAMA, comme cela a été fait en RCA. Quoi qu'il en soit, la situation en Afrique de l'Ouest a radicalement changé, mais pas en faveur de la France, et ce avec l'aide de centaines de Russes (le fameux "garde forestier"). Si cette tendance se poursuit, les perspectives de sauver la face pour Paris seront de plus en plus minces".

Traduction par Alessandro Lattanzio

 

mercredi, 02 février 2022

Macron Forever & La dictature verte

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Macron Forever & La dictature verte

par Nicolas Bonnal

 
 
Le Coup de Gueule de Nicolas Bonnal (Macron pour Toujours), la rubrique de Café Noir enregistrée le mardi 11 janvier 2022. Référence et une sélection de livres avec liens de Nicolas & Tetyana Bonnal ci-dessous.
 
 
RÉFÉRENCE
Les fonctionnaires (civils) sous Vichy : essai historiographique Nathalie Carré de Malberg https://www.cairn.info/revue-histoire...
 
LIVRES DE BONNAL CHEZ AVATAR EDITIONS
 
Internet – La Nouvelle Voie Initiatique https://avatareditions.com/livre/inte...
Le Choc Macron – Fin des Libertés et Nouvelles Résistances https://avatareditions.com/livre/le-c...
Louis Ferdinand Céline – La Colère et les Mots https://avatareditions.com/livre/loui...
 
LIVRES DE BONNAL
 
Guénon, Bernanos et les Gilets Jaunes https://www.amazon.fr/dp/1090563531
La Comédie Musicale Américaine – Nicolas et Tetyana Bonnal https://www.amazon.fr/dp/B08NWWYBT3
Le Grand Reset et la Guerre du Vaccin https://www.amazon.fr/dp/B099TPX86L
Les Territoires Protocolaires https://www.amazon.fr/dp/2876230984
Livre de Prières Orthodoxes – Tetyana Popova-Bonnal https://www.amazon.fr/dp/B09BGPCBQT
Philip Kindred Dick et le Grand Reset – Tetyana Popova-Bonnal https://www.amazon.fr/dp/B096LPVB1R
 
AUTRES LIVRES
 
Neuro-Esclaves – Paolo Cioni et Marco Della Luna https://www.amazon.fr/dp/8893193353
CHAINE AVATAR EDITIONS SUR ODYSEE https://odysee.com/@avatarmediaeditions
 

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Bonnal et la Dictature Verte

Le Coup de Gueule de Nicolas Bonnal, la rubrique de Café Noir enregistrée le mercredi 08 décembre 2021. Une sélection de livres avec liens de Nicolas & Tetyana Bonnal ci-dessous.
 
 
 

samedi, 15 janvier 2022

Le gouvernement des conseils (en France aujourd'hui)

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Le gouvernement des conseils (en France aujourd'hui)

par Georges FELTIN-TRACOL

La crise covidienne n’a fait qu’accélérer et qu’entériner la pratique très personnelle de gouverner d’Emmanuel Macron. Candidat en 2017 de la « disruption », cet anglicisme qui désigne à la fois le chamboule-tout, le dégagisme et une posture à contre-courant médiatiquement construite, l’actuel locataire de l’Élysée concentre la totalité des pouvoirs au point qu’à la différence d’Édouard Philippe, Jean Castex n’est que le deuxième de ses collaborateurs et le super-directeur de cabinet d’un gouvernement présidentiel. On se souviendra que c’était déjà le cas, mais d’une manière moins prononcée, entre 2005 et 2007 avec la présence à Matignon de Dominique Galouzeau de Villepin sous la présidence de Jacques Chirac.

La concentration présidentielle de l’autorité se concrétise avec la multiplication des conseils au point qu’on pourrait parler d’une nouvelle polysynodie. Les historiens du droit constitutionnel et des institutions françaises se rappellent que sous la Régence pendant la minorité de Louis XV de 1715 à 1723, le Régent Philippe d’Orléans tente à la demande du mémorialiste Saint-Simon de changer la forme absolutiste du gouvernement de la France. À côté du Conseil de régence mentionné dans le testament du « Roi-Soleil », le duc d’Orléans remplace le Contrôle général des Finances et les secrétaires d’État par sept instances spécialisées.

Le Conseil de Guerre, le Conseil des Affaires étrangères, le Conseil des Finances, le Conseil des Affaires du dedans du Royaume, le Conseil de Commerce, le Conseil de Marine, aussi compétent pour les colonies, et le Conseil de Conscience destiné aux questions religieuses forment des ministères collégiaux avec une soixantaine de conseillers dont certains cumulent les charges dans différents conseils. Réticent envers la monarchie ludovicienne, Saint-Simon s’inspire des expériences impériale, espagnole et russe. Cette façon polysynodale d’organiser la puissance publique au quotidien montre assez vite ses limites et ses déficiences si bien que le Régent rétablit les ministères traditionnels dès 1718.

Dans cette perspective historique, Emmanuel Macron est un « néo-saint-simonien » qui privilégie les réunions en petits comités décisionnels. La Constitution de 1958 ne stipule pourtant qu’un seul conseil de cette nature : le Conseil des ministres en général hebdomadaire. Ses séances se déroulent selon un ordre du jour précis réparti en quatre moments. Le A concerne les projets de loi, les décrets et les ordonnances que doit approuver et signer le chef de l’État. Le B porte sur la nomination des fonctionnaires (ambassadeurs, généraux, préfets, recteurs, etc.). Le C correspond aux interventions des ministres appelés « communications » dont la première et la plus longue revient au ministre des Affaires étrangères. Inaugurée en 2007 par Nicolas Sarközy, la partie D consiste à un échange moins codifié entre les participants du Conseil autour d’un sujet d’actualité. À la différence des IIIe et IVe Républiques, les débats sur la politique gouvernementale n’existent pas et aucun vote n’y est possible. Ce n’est pas le cas pour les « conseils de cabinet » présidés par le Premier ministre, surtout effectifs en période de cohabitation. Le Conseil des ministres peut être considéré comme une phase d’approbation institutionnelle.

Or, cette mouture déplaît à DJ Manu. Il préfère la forme du « conseil restreint », en particulier le Conseil de défense. En s’appuyant sur l’article 15 de la Constitution qui évoque « les conseils et les comités supérieurs de la Défense nationale », le décret du 24 décembre 2009 pris par Sarközy crée le Conseil de défense et de sécurité nationale compétent dans les domaines militaires, diplomatiques et sécuritaires. De ce conseil en découlent le Conseil national du renseignement et le Conseil des armements nucléaires. Leur coordination repose sur le secrétaire général de la Défense et de la Sécurité nationale. Ceux qui y participent doivent laisser à l’entrée leurs téléphones, y compris cryptés, et les discussions sont tenues au secret-défense, ce qui est légitime pour une instance régalienne  s’occupant des services secrets, des forces spéciales et des opérations clandestines.

Sur ce modèle martial, Emmanuel Macron lance en mai 2019 le Conseil de défense écologique dont la gestion dépend à la fois du secrétaire général du gouvernement et du commissaire général au Développement durable. Pourquoi un tel organisme bénéficie-t-il de telles dispositions confidentielles ? Le sauvetage du climat dépendrait-il du GIGN ou du Commando Hubert ? La transition écologique aurait-elle une valeur stratégique inconnue du quidam, ce qui justifierait le secret-défense ?

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La pandémie coronavirale de 2020 a enfin vu la formation du Conseil de défense sanitaire avec la participation du ministre de la Santé et du Directeur général de la Santé, soit son vice-ministre. Les choix pris au cours de ces réunions ne sont pas anodins puisqu’ils affectent la vie courante des Français (apartheid vaccinal, confinement, couvre-feu, restrictions diverses et variées). En « conseil de défense », en tant que chef des armées, le président de la République peut imposer sa volonté. Malgré l’obligation de silence, on sait maintenant que Macron a usé de cette prérogative pour contraindre Édouard Philippe, réticent à tout cadeau accordé au vicomte de Villiers, à rouvrir le Puy du Fou en Vendée à l’été 2020.

Pourquoi le secret-défense s’applique-t-il en matière de santé publique ? L’exécutif a-t-il peur d’un noyautage des lieux par le covid-19 ? Le maréchal Coronavirus aurait-il de redoutables taupes ? Envisage-t-on de lancer des unités d’élite contre les variants Delta et Omicron ? Parler de guerre contre un virus relève de la boursoufflure verbale. L’obligation de se taire tranche singulièrement avec l’exigence croissante de transparence pour les particuliers. Se confirme ainsi un scandaleux « deux poids deux mesures »…

Le recours fréquent à ces conseils de défense thématiques (Conseil de défense et de sécurité nationale, Conseil de défense écologique, Conseil de défense sanitaire en attendant le Conseil de défense économique, le Conseil de défense financière et le Conseil de défense sociétale, voire un Conseil de défense identitaire ou un Conseil de défense démographique) permet à Emmanuel Macron d’ordonner des mesures exceptionnelles, souvent liberticides, prévues à l’article 16 tout en court-circuitant la supervision du Conseil constitutionnel et du Parlement.

Comme le remarquait le Lieutenant Sturm dans le n° 42 de « Revue & Corrigés » de décembre 2021, au Conseil de défense sanitaire viennent en outre s’ajouter le fameux Conseil scientifique et le Haut-Conseil de la Santé publique dont bien des membres ont intérêt à ce que continue la pandémie. Dans le même temps, l’Assemblée nationale à majorité macronienne suit aveuglément les injonctions de l’exécutif. Avez-vous dit contrôle parlementaire du gouvernement ?

La profusion des conseils non élus est un symptômes supplémentaires du passage de la démocratie formelle ploutocratique en despotisme bureaucratique progressiste explicite. En russe, on le sait, « conseil » se dit « soviet ». Avec la présidence pandémique du giflé de l’Élysée émergent les institutions soviétiques de la République hexagonale.

GF-T.

jeudi, 13 janvier 2022

La présidence Macron et la catastrophe catholique

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La présidence Macron et la catastrophe catholique

Nicolas Bonnal

Macron-Medef, comme dit Laurent Joffrin, triomphe aux européennes et serait déjà réélu- lui ou quelqu’une de pire que lui. Or la base de l’électorat Macron c’est le catho devenu si bourgeois depuis la disparition du peuple paysan (revoyez le documentaire Farrebique)… J’ai évoqué ces renégats à coups de Balzac, Bernanos, Céline, Bloy. Ces apprentis Mauriac sont increvables car ils ont du pognon et font assez d’enfants et expriment comme ça une identité même s’ils ont tout ingéré de la modernité et de son abjection. Le bourgeois avale tout, même la merde, dit Bloy qui s’y connaissait, dans son exégèse des lieux communs.

Et notre Bloy rajoutait dans ses belluaires :

« Et ce cortège est contemplé par un peuple immense, mais si prodigieusement imbécile qu’on peut lui casser les dents à coups de maillet et l’émasculer avec des tenailles de forgeur de fer, avant qu’il s’aperçoive seulement qu’il a des maîtres, — les épouvantables maîtres qu’il tolère et qu’il s’est choisis. »

Voici ce que dit le site catholique traditionnel, le salon beige, récemment repris par mon efficace ami Guillaume de Thieulloy :

« Un sondage Ifop pour La Croix, dont les résultats sont détaillés dans le numéro de ce jour, nous apprend que 37% des catholiques pratiquants (78% de participation), et même 43% des pratiquants réguliers (84% de participation) ont voté pour la liste LREM. Le RN arrive 3è, derrière LR, sauf pour les non pratiquants où il est premier.

Nous avons donc 43% des catholiques qui votent pour une liste ayant comme substrat idéologique, pêle-mêle : la dissolution des nations dans le gloubiboulga globaliste, la dilution des protections sociales au profit de la grande finance, la transformation des concupiscences de tous ordres de chaque individu en droits inaliénables, une vision autiste des relations internationales où prime l’interprétation progressiste de l’histoire humaine, quitte à pratiquer sans barguigner des opérations meurtrières de “regime change”, l’avènement d’une humanité nouvelle en totale rupture avec la loi naturelle, et donc le corollaire de tout ceci, la négation (pour les athées), et le reniement (pour les chrétiens), du règne de Notre Seigneur Jésus Christ sur les âmes et les sociétés ! »

Certes, mais tout ça motive, comme l’incendie de Notre-Dame relookée. Une semaine plus tard, le salon beige ajoute :

« 37% des catholiques pratiquants et même 43% des pratiquants réguliers “auraient voté” pour la liste LREM. C’est assez terrifiant lorsque l’on sait le projet de société que porte LReM (mariage homo, PMA, GPA, affaire Vincent Lambert…). C’est pour cela que l’on peut parler d’apostasie (voir ici). »

Et d’expliquer :

« Il serait d’ailleurs intéressant de connaître le taux d’adhésion au Credo de ceux que les instituts de sondage désignent comme catholiques pratiquants. Aller à la messe le dimanche est malheureusement devenu aussi un acte social. Parmi eux, nous serions surpris du nombre de catholiques pratiquants ne croyant pas à la Présence réelle ou n’ayant pas de problème avec l’avortement… »

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L’important c’est que Macron rassure le clan des siciliens du pognon. Laurent Joffrin bien inspiré sur cette question (et parfois sur d’autres) écrit : 

« Le peuple ne se met pas en transe quand on lui parle «racines chrétiennes» et famille tradi ; la bourgeoisie pense moins en lisant des livres qu’en tâtant son portefeuille. Macron-Medef qui abolit l’ISF, allège les impôts sur les revenus du capital, libéralise le code du travail, réforme la SNCF au forceps, lui convient somme toute mieux que les Cassandre souverainistes de la décadence occidentale. Au bout du compte, les classes dirigeantes aiment plus les costumes tuyau de poêle du Président que les vestes de chasse Arnys de Fillon. La droite classique, désormais, ce n’est plus Wauquiez tendance Valeurs Actuelles. C’est Macron. »

Puis le salon beige tend la perche à Eric Zemmour, ce juif hérétique plus catholique que ces cathos de base et de bazar (idem pour Alain Finkielkraut d’ailleurs) :

« Et Eric Zemmour ne dit pas le contraire en accusant la “droite bourgeoise et même catholique” qui a voté Macron d’être anti-française et antinationale :

“Il faut non seulement une union des droites. Mais, au-delà de l’union des droites, il faut le Rassemblement national, il faut la droite patriote qui préfère ses convictions et la Patrie à ses intérêts. Et je vous accorde que c’est mal barré quand on voit le vote de la droite bourgeoise et même catholique à ces européennes qui a préféré En Marche à Bellamy (…) Le général De Gaulle disait nous avons combattu les Allemands, nous avons empêché que les communistes aillent au pouvoir, nous avons affronté les Américains mais nous n’avons jamais réussi à faire que la bourgeoisie soit nationale. C’est le vrai problème. Ce n’est pas qu’aujourd’hui. Ce sont des gens qui se sentent plus proches des New-yorkais que des gens qui habitent Limoges (…) C’est surtout le parti de l’ordre et le parti de ses intérêts. C’était le mot de François Mitterrand qui disait la droite n’a pas d’idée, elle n’a que des intérêts. C’est le parti de l’ordre parce qu’ils ont eu peur des gilets jaunes et c’est les intérêts parce que c’est la mondialisation qui favorise cette classe sociale et qui lui permet de s’enrichir et de protéger ses intérêts”

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En janvier dernier, Eric Zemmour écrivait : “Les héritiers de la Manif pour tous doivent choisir leur camp. Rejoindre l’alliance des bourgeoisies, nouveau « parti de l’ordre »,  ou suivre la révolte des classes populaires.” 

On a compris qui ces partisans du pognon ont rejoint.

Tout cela n’étonnera pas mes lecteurs. Ils savent que pour moi ce catholicisme est mort il y a longtemps et qu’il se survit à lui-même à peu près comme l’américanisme. Le problème comme disait Michelet c’est qu’on ne peut tuer ce qui est mort, ou qui survit en hystérésis depuis quatre bons siècles au moins (lisez mon texte sur Jonathan Swift et sa fin du christianisme – qui date de 1708). On ne construit plus les chapelles et cathédrales, on les visite ; on ne compose plus de sonates et d’oratorios, on va au concert ; on prend a break in the rush dans un ex-monastère. Les abbayes sont vides,  les moines partis, vive le patrimoine, quand il ne crame pas (bof dit-on, on le retapera en le débaptisant avec la cagnotte boursière de LVMH)… Le bourgeois écolo-libéral se sent même catho avec le pape en place qui brasse du migrant et des rodomontades branchées !

Et je citerai donc de nouveau mon athée préféré, Feuerbach, si mal exploité par Onfray :

« Pour ce temps-ci, il est vrai, qui préfère l’image à la chose, la copie à l’original, la représentation à la réalité, l’apparence à l’être, cette transformation est une ruine absolue ou du moins une profanation impie, parce qu’elle enlève toute illusion. Sainte est pour lui l’illusion et profane la vérité. On peut même dire qu’à ses yeux la sainteté grandit à mesure que la vérité diminue et que l’illusion augmente ; de sorte que le plus haut degré de l’illusion est pour lui le plus haut degré de la sainteté. »

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Vers 1850 le maître de l’athéisme allemand remarque l’essentiel avant Nietzsche ; que le catho ou le protestant n’est plus un chrétien mais un bourgeois masqué avec un culte identitaire, qui lui est venu avec la trouille de la révolution et des rouges partageurs de son siècle de rebelles :

« Depuis longtemps la religion a disparu et sa place est occupée par son apparence, son masque, c’est-à-dire par l’Eglise, même chez les protestants, pour faire croire au moins à la foule ignorante et incapable de juger que la foi chrétienne existe encore, parce qu’aujourd’hui comme il y a mille ans les temples son encore debout, parce qu’aujourd’hui comme autrefois les signes extérieurs de la croyance sont encore en honneur et en vogue. »

Nota : les temples on les brûle et le catho s’en fout. Ils étaient vingt mômes à prier pour Notre-Dame-chef-d’œuvre-gothique enflammée, excusez du trop !

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Tout cela se maintient catho-droitier-centriste malgré Giscard et la loi Veil, malgré LGBTQ et ses excès, malgré la télévision et notre américanisation/islamisation. Tout cela se maintient car c’est  mort. Et cela était ainsi vu déjà par Michelet :

« Mais n’est-elle pas naturelle, dira-t-on, une chose qui, ébranlée, arrachée, revient toujours ? La féodalité, voyez comme elle tient dans la terre. Elle semble mourir au treizième siècle, pour refleurir au quatorzième. Même au seizième siècle encore, la Ligue nous en refait une ombre, que continuera la noblesse jusqu’à la Révolution. Et le clergé, c’est bien pis. Nul coup n’y sert, nulle attaque ne peut en venir à bout. Frappé par le temps, la critique et le progrès des idées, il repousse toujours en dessous par la force de l’éducation et des habitudes. Ainsi dure le Moyen-âge, d’autant plus difficile à tuer qu’il est mort depuis longtemps. Pour être tué, il faut vivre. »

Ah, l’éducation et les habitudes et la famille nombreuse (symbole de richesse disait un jour mon science-poseur catho droitier préféré) et la tartuferie moliéresque… C’est pourquoi Macron n’a pas de souci à se faire. Macron est le résident d’un pays zombi adoubé par un électorat de chrétiens-zombis (Todd). Le christianisme des paysans git dans les cimetières. Ce peuple paysan tué par notre monde techno-moderne, par notre révolution bourgeoise et les hécatombes républicaines-humanitaires n’avait pas la vitalité démographique du gros – ou efflanqué – bourgeois mondialisé qui émerveilla/affola tous nos génies.

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Et comme on citait Grandet-Balzac :

– Mon père, bénissez-moi.

– Aie bien soin de tout. Tu me rendras compte de ça là-bas, dit-il en prouvant par cette dernière parole que le christianisme doit être la religion des avares.

Comment ce répugnant Volpone a pu prendre la place du chrétien en France et ailleurs ? La réponse par Fukuyama :

«The bourgeois was an entirely deliberate creation of early modern thought, an effort at social engineering that sought to create social peace by changing human nature itself.”

Sources :

Nicolas Bonnal – Chroniques sur la fin de l’histoire ; Guénon, Bernanos et les gilets jaunes (Amazon.fr)

Honoré de Balzac – Eugénie Grandet

Ludwig Feuerbach – L’essence du christianisme (préface de la deuxième édition)

Jules Michelet – la Renaissance

Léon Bloy – Exégèse des lieux communs ; belluaires et porchers.

Francis Fukuyama – The End of History

Georges Rouquier – Farrebique (film, 1946)

 

vendredi, 31 décembre 2021

Quand Cicéron explique Macron...

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Quand Cicéron explique Macron...

Nicolas Bonnal (2019)

Pour parler de lui et de ce qu’il nous inspire, je ne connais rien de mieux que cet extrait de la Biographie universelle, publiée en 1814 et retrouvée par votre serviteur grâce à Google books :

« Étonné d’entendre une vieille femme prier les dieux de conserver les jours de Denys, il voulut connaître le motif d’une prière si extraordinaire, tant il connaissait la haine qu’on lui portait. « Je prie les dieux, lui dit cette femme,  de te donner une longue vie, parce que je crains que celui qui te succédera » ne soit plus méchant que toi, puisque tu es pire que tous ceux qui t’ont précédé (1). »

Eh oui, certains se plaignaient du président Coty, qui eurent la cinquième république ; de de Gaulle, qui eurent Pompidou et Giscard ; de Mitterrand, qui eurent Chirac ; de Sarkozy et de Hollande, qui eurent Macron. Jusqu’où ne descendrons-nous pas ? Mais comme dit un de mes lecteurs commentateurs préférés, quand on touche le fond, on creuse encore ! Ah Bush, ah Obama, ah Trump en attendant Omar !

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Et comme on parlait de lui (de Denys donc) et de Cicéron, on citera le livre V des magnifiques Tusculanes (un jour, promis, je parlerai du songe de Scipion) :

« XX. Denys devint tyran de Syracuse à vingt-cinq ans; et pendant un règne de trente-huit, il fit cruellement sentir le poids de la servitude à une ville si belle et si opulente. De bons auteurs nous apprennent qu'il avait de grandes qualités car il était sobre, actif, capable de gouverner; mais d'un naturel malfaisant et injuste; et par conséquent, si l'on en juge avec équité, le plus malheureux des hommes. En effet, quoiqu'il fût parvenu à la souveraine puissance, qu'il avait si fort ambitionnée, il ne s'en croyait pourtant pas encore bien assuré. En vain descendait-il d'une famille noble et illustre; quoique ce point soit contesté par quelques historiens. »

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Le caractère de Denys est la méfiance – la paranoïa !!! - vis-à-vis de ses proches et des syracusains :

« En vain avait-il grand nombre de parents et de courtisans, et même de ces jeunes amis, dont l'attachement et la fidélité sont si connus dans la Grèce. Il ne se fiait à aucun d'eux. Il avait donné toute sa confiance à de vils esclaves, qu'il avait enlevés aux plus riches citoyens et à qui il avait ôté le nom qui marquait leur servitude, afin de se les attacher davantage. Pour la garde de sa personne, il avait choisi des étrangers féroces et barbares. Enfin la crainte de perdre son injuste domination l'avait réduit à s'emprisonner, pour ainsi dire, dans son palais. »

On sait que notre président a des gardes du corps du Mossad… Mais évitons les ennuis et revenons à Denys. Lui a au moins des filles qui lui font la barbe :

«  Il avait même porté la défiance si loin, que, n'osant confier sa tête à un barbier, il avait fait apprendre à raser à ses propres filles. Ainsi ces princesses s'abaissant par ses ordres à une fonction que nous regardons comme indigne d'une personne libre, faisaient la barbe et les cheveux à ce malheureux père. Encore, dit-on, que quand elles furent un peu grandes, craignant le rasoir jusque dans leurs mains, il imagina de se faire brûler par elles les cheveux et la barbe avec des écorces ardentes. »

Denys adore les perquisitions :

« On raconte de plus, que quand il voulait aller passer la nuit avec l'une de ses deux femmes, Aristomaque de Syracuse, et Doris de Locres, il commençait, en entrant dans leur appartement, par les perquisitions les plus exactes, pour voir s'il n'y avait rien à craindre; et comme il avait fait entourer leur chambre d'un large fossé, sur lequel il y avait un petit pont de bois ; il le levait aussitôt qu'il était avec elles, après avoir pris la précaution de fermer lui-même la porte en dedans. »

Cicéron (qui finit les mains et la tête coupées) poursuit son amusante énumération :

« Fallait-il parler au peuple? Comme il n'eût osé paraître dans la tribune ordinaire, il ne haranguait que du haut d'une tour. Étant obligé de se déshabiller pour jouer à la paume, qu'il aimait beaucoup, il ne confiait son épée qu'à un jeune homme son favori. Sur quoi un de ses amis lui ayant dit un jour en riant : Voilà donc une personne à qui vous confiez votre vie, et le tyran s'étant aperçu que le jeune homme en souriait, il les fit mourir tous deux; l'un pour avoir indiqué un moyen de l'assassiner; l'autre, parce qu'il semblait avoir approuvé la chose par un sourire. »

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Mais Denys est lié au mythe de Damoclès (pour moi c’est un mythe plus qu’une histoire). Et cela donne sous la plume acérée comme on dit du maître de la prose latine : 

XXI. Un de ses flatteurs, nommé Damoclès, ayant voulu le féliciter sur sa puissance, sur ses troupes, sur l'éclat de sa cour, sur ses trésors immenses, et sur la magnificence de ses palais, ajoutant que jamais prince n'avait été si heureux que lui : Damoclès, lui dit-il, puisque mon sort te paraît si doux, serais-tu tenté d'en goûter un peu, et de le mettre en ma place? Damoclès ayant témoigné qu'il en ferait volontiers l'épreuve, Denys le fit asseoir sur un lit d'or, couvert de riches carreaux, et d'un tapis dont l'ouvrage était magnifique. Il fit orner ses buffets d'une superbe vaisselle d'or et d'argent. Ensuite ayant fait approcher la table, il ordonna que Damoclès y fît servi par de jeunes esclaves, les plus beaux qu'il eût, et qui devaient exécuter ses ordres au moindre signal. Parfums, couronnes, cassolettes, mets exquis, rien n'y fut épargné. »

Evidemment il y a un prix à payer, ajoute notre sage et sarcastique Cicéron :

« Ainsi Damoclès se croyait le plus fortuné des hommes, lorsque tout d'un coup, au milieu du festin, il aperçut au-dessus de sa tète une épée nue, que Denys y avait fait attacher, et qui ne tenait au plancher que par un simple crin de cheval. Aussitôt les yeux de notre bienheureux se troublèrent : ils ne virent plus, ni ces beaux garçons, qui le servaient, ni la magnifique vaisselle qui était devant lui : ses mains n'osèrent plus toucher aux plats : sa couronne tomba de sa tête. Que dis-je? Il demanda en grâce au tyran la permission de s'en aller, ne voulant plus être heureux à ce prix (2). »

Peut-être que grâce à Damoclès l’autre ne restera pas…

Notes

(1) Biographie universelle, ancienne et moderne. 1814, Google books, tome onzième, p. 120.

(2) Cicéron, Tusculanes, V, Remacle.org

mardi, 14 septembre 2021

Aude Lancelin et la réélection de Macron

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Aude Lancelin et la réélection de Macron

par Nicolas Bonnal

Il a été élu dans un fauteuil il y a quatre ans (66.6% des voix…), face à une incapable qui sera cette fois taclée par Zemmour, le candidat des cons et des islamophobes, et il sera réélu car pour les bourgeois il n’y a rien d’autre. Le putsch du CAC40 (X2 en 12 mois) pourra se prolonger, le coup d’Etat deviendra permanent. Mais n’en sommes-nous pas là depuis deux siècles de bonapartisme et de dirigisme français, au bout de trois décennies de trique gouvernementale au service du capital néolibéral ?

On va relire quelques passages du splendide et nourri texte d’Aude Lancelin, daté du 20 avril 2017, qui expliquait à quelle sauce oligarque le capital allait nous bouffer. On pourrait intituler cet extrait « la présentation du chérubin au temple » :

« C’était à la fin de l’été dernier, je venais de rendre le manuscrit du « Monde libre ». Mon regard errait devant les images de BFM TV, dans les vestiges d’une canicule parisienne achevée il y a peu. C’est alors que je compris brutalement que l’année 2017 serait terrible, et que la présidentielle à venir ne ressemblerait à rien de ce que ce pays avait connu jusqu’ici. La première chaîne d’informations en continu du pays, fleuron du groupe Altice-SFR détenu par Patrick Drahi, n’avait pas lésiné sur les moyens en ce 30 août 2016. Le tout pour couvrir un événement considérable, imaginez du peu : la démission du ministère de l’économie d’un jeune baron du hollandisme encore quasi inconnu du public deux ans auparavant. Un scoop d’importance planétaire, on voit ça, qui valait bien la mobilisation générale de toutes les équipes de la chaîne détenue par ce milliardaire français issu des télécoms. L’étrange spectacle qui s’étalait sur les écrans du pays ce jour-là, c’était un chérubin en costume-cravate s’échappant du ministère de Bercy en navette fluviale pour remettre sa démission à l’Elysée, poursuivi par les caméras de BFM TV, le tout dans le style flouté et distant caractéristique de la paparazzade, de l’image arrachée à l’intimité d’une personnalité livrée bien malgré elle à la convoitise des foules. Comme l’Hyppolite de Racine, le futur ex-ministre en question, qui n’était autre qu’Emmanuel Macron, semblait ainsi être saisi par surprise en train de « traîner tous les cœurs après lui » sur la Seine, dans une étrange séance de ski nautique géant national. Ce que le téléspectateur ignorait à ce stade, c’est que ce sont les cœurs des patrons du CAC 40 qui battaient la chamade pour lui depuis déjà un petit moment, et que tous avaient un plan pour la France : porter à la Présidence de la République le chérubin si compréhensif aux doléances du capital. A ce stade il n’était rien, mais ça n’était pas un problème. Ses Geppetto, les poches pleines de billets et les rédactions pleines de journalistes, étaient prêts à en faire tout. »

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Aude Lancelin commente ce « blitzkrieg médiatique » :

« La scène, totalement surréaliste, m’est toujours restée en mémoire. De même que la surexcitation des commentateurs en plateau, chargés de faire mousser le non-événement, et de faire passer la dérisoire péripétie pour un événement susceptible de casser l’histoire du monde en deux. Ce jour-là, oui, j’eus le pressentiment que nous nous apprêtions à vivre une opération de propagande d’une dimension et d’une nature tout à fait inhabituelles. Une blitzkrieg médiatique à côté de laquelle les éditoriaux érotiques du « Monde » en faveur d’Edouard Balladur en 1995, ou les tribunes culpabilisatrices de « l’Obs » ou de « Libération » pour faire gagner le « Oui » en 2005, ne furent que de dérisoires et fort rudimentaires précurseurs. »

La France n’est pas un pays libre, dixit reporters sans frontières :

« Il est certain en effet que la situation dans les médias s’est spectaculairement dégradée depuis ces années là, jusqu’à faire chuter la France au 45ème rang du classement 2016 de la liberté de la presse établi par « Reporters sans Frontières », quelque part entre le Botswana et la Roumanie. Le tout à cause, contentons-nous de citer l’organisme international sur ce point, « d’une poignée d’hommes d’affaires ayant des intérêts extérieurs au champ des médias qui ont fini par posséder la grande majorité des médias privés à vocation nationale. » Jamais une situation pareille de mainmise quasi totale sur la presse ne s’était vue en France depuis 1945. De sinistre mémoire, le quinquennat Hollande restera du reste comme celui de la victoire par KO du capital sur l’indépendance des rédactions. »

Les énumérations à la Prévert (ou à la Rabelais ?) se succèdent pour expliquer le  triomphe de la cause oligarque sur celle informative :

«  C’est également sous ce quinquennat qu’aura lieu la prise de contrôle du groupe « Canal+ » par Vincent Bolloré avec les conséquences sinistres que l’on sait. Ou encore le rachat en 2015 du « Parisien » par Bernard Arnault, déjà propriétaire des « Echos » et premier annonceur publicitaire de la presse, bien connu également pour son progressisme social, sans parler de sa sympathie pour le populo. Mais aussi, après l’absorption en 2010 du quotidien « le Monde » par un trio d’investisseurs emmené par Xavier Niel, ogre concurrent des télécoms, l’avalement par ce même groupe de la quasi-totalité de la presse social-démocrate mainstream, avec le rachat en 2014 de « L’Obs », là encore surveillé comme le lait sur le feu par le président de la République. »

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Aude Lancelin ajoute sur le sinistre Hollande :

« Ainsi ce dernier pensait-il encore, début 2016, en dépit de sa popularité exécrable, avoir mis autant d’atouts que possible de son côté pour la reconquête de son fauteuil présidentiel. Las, c’était sans compter sur Emmanuel Macron, le polichinelle que lui avaient mis dans le tiroir ses nouveaux amis du CAC 40. »

Et le Français toujours « enthousiaste » (Céline) élut le ministre de l’économie (du dénommé Hollande) qu’on lui  présenta alors comme un homme neuf (il n’a donc pas la télé le Français !). Lancelin rappelle la stratégie du cruel louveteau :

« Plus précoce que sa dupe élyséenne, il y a des années que Macron plaçait ses pions auprès des géants des médias. Déjà lorsqu’il était banquier d’affaires chez Rothschild, le protégé d’Alain Minc avait conseillé le groupe Lagardère pour la vente de ses journaux à l’international. Excellentes aussi, les relations entretenues par Macron avec le sulfureux patron de Canal+, Vincent Bolloré, dont on connaît la passion pour les démocrates africains et l’indépendance des rédactions. Très étroites également, celles qu’il a avec le fils de ce dernier, Yannick Bolloré, PDG d’Havas, géant de la communication mondiale. Avec le groupe de Patrick Drahi, c’est aussi la love story à ciel ouvert, même si en période électorale les pudeurs de carmélite s’imposent. Ainsi le Directeur général de BFM TV est-il régulièrement obligé de se défendre de faire une « Télé Macron », sans convaincre grand monde, tant les affinités électives sont avérées entre le candidat à la présidence et l’entité Altice-SFR Presse. Lorsque Martin Bouygues et Patrick Drahi s’affronteront pour le rachat du groupe SFR, c’est Emmanuel Macron, devenu le successeur d’Arnaud Montebourg à Bercy, qui entérinera le deal en faveur du second… »

Et on reparle du tout-puissant monsieur Niel, qui sort presque d’un texte de Balzac (on y revient) :

« C’est toutefois avec Xavier Niel, à qui le même Perdriel revendit l’Obs en 2014, que les relations avec le candidat Macron sont devenues au fil du temps carrément torrides. Entre capitalistes qui s’assument, désirant pour la France un destin de « start up nation », peuplée de benêts rêvant de devenir milliardaires, c’est peu de dire que le courant passe. Alors même qu’un reportage diffusé au 20 heures de France 2 annonçait début 2016 que le patron de Free s’apprêtait à financer les ambitions de l’autre, Niel est devenu plus taiseux sur la question. Difficile en effet d’admettre publiquement pour l’homme fort du groupe « Le Monde » son degré de proximité avec le candidat d’En Marche!, alors même que beaucoup accusent déjà le quotidien du soir d’être devenu le bulletin paroissial du macronisme. »

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Aude Lancelin évoquait déjà cette mission Marchand qui allait déboucher sur un Fachoda de nos libertés :

« Une enquête particulièrement bien informée de « Vanity Fair » sur la reine de la presse people, Michèle Marchand dite « Mimi », levait début avril un coin du voile sur les dîners privés organisés entre Xavier Niel et le couple Macron un an avant la présidentielle. « Quand lors d’un dîner avec les Macron, j’ai entendu Brigitte se plaindre des paparazzis, explique ainsi tranquillement Niel à « Vanity Fair », je lui ai naturellement conseillé Mimi. » Et la journaliste Sophie des Déserts de préciser que c’est le patron du groupe « Le Monde » qui organisa la rencontre à son domicile. Un hôtel particulier du Ranelagh, où il réside avec la fille de Bernard Arnault, patron de LVMH et autre grand fan du petit prince Macron, dont le CAC 40 voulait faire son loyal gérant élyséen. »

Et de poursuivre sur le devenir-Sarkozy (ou Badinguet) de la France superficielle – et non profonde – de la postmodernité. La France, dit la belle Aude, n’aura plus que ses yeux pour pleurer :

« Davantage qu’une intuition, c’est une certitude : si Emmanuel Macron devait être élu à la Présidence de la République, on se réveillerait en mai avec une nouvelle nuit du Fouquet’s, des révélations feuilletonnées sur toutes sortes de grands donateurs, des histoires de premier cercle rappelant les pires heures du sarkozysme, de collusions d’une ampleur inédite entre très gros intérêts industriels, médiatiques et financiers. Partout l’argent rode autour de cette candidature, tout le monde le sait. Lorsque les conditions concrètes qui ont présidé à cette mise sur orbite sortiront enfin dans la presse, post festum, car elles finiront par sortir, ces choses-là finissent toujours par sortir, les Français n’auront alors plus que leurs yeux pour pleurer. »

Et les impôts ? Il faut comprendre que pour faire économiser trente milliards d’euros à une poignée d’oligarques chéris et adorés, il faut pressurer beaucoup plus dix ou vingt millions de contribuables à raison de deux-trois mille euros (comme dit Jean-Luc Mélenchon, les vingt-sept Français les plus riches ont plus que les trente millions les plus pauvres).

Lancelin :

 « Entre temps, l’ISF sur les grands patrimoines financiers aura été supprimé, le code du travail ravagé à coups d’ordonnances, les services publics sévèrement amputés, les dividendes toujours mieux reversés. Un véritable continent oligarchique est là encore à demi-englouti, prêt à surgir sous nos yeux le 8 mai prochain, et personne n’a jugé bon jusqu’ici de le dévoiler aux citoyens… »

Notre commentatrice de remarquer tristement :

« Toutes les idées sont tolérées dans ces rédactions-là où, non sans stupéfaction, j’ai par exemple pu entendre un chef de service défendre le programme économique de François Fillon comme étant le meilleur d’entre tous début 2016. Toutes les idées, oui, sauf celles de la gauche debout contre le néolibéralisme. Toutes les idées, sauf celles aujourd’hui portées par un social-démocrate conséquent comme Jean-Luc Mélenchon, repeint par le Président de la République actuel en dictateur et en ennemi de l’Occident. »

Interrogé par la télé russe, j’avais parlé de Louis-Philippe. (Rothschild, Balzac, libéralisme frou-frou, Villermé, modèle anglo-saxon, etc.). Aude Lancelin conclut brillamment sur ce présent permanent de l’Histoire :

« Macron, c’est le 19ème siècle à travers les âges et son indifférence complète à la souffrance populaire, à peine barbouillé de couleurs acidulées et de Silicon Valley. Macron, c’est en réalité ni plus ni moins que le retour du Comité des Forges, et de sa fameuse presse, entièrement asservie par l’argent de la haute finance et celui de la grande industrie, dont les anciens résistants formèrent le rêve de débarrasser le pays à jamais, une fois les « Jours heureux » venus. »

Saluons ce complot permanent du pognon, « mouvement autonome du non-vivant » (Hegel), définitivement plus actif, disait Baudrillard, que l’homme...

Sources :

https://www.legrandsoir.info/emmanuel-macron-un-putsch-du-cac-40.html

Nicolas Bonnal - Chroniques sur la Fin de l’Histoire, Balzac et le déclin de la France… 

 

 

mercredi, 11 août 2021

L’analyse de François Jay : La nouvelle campagne du Général Macron

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L’analyse de François Jay

La nouvelle campagne du Général Macron

 

Source: www.liguedumidi.com

 

Le petit caporal Macron a pris en 2017, le pouvoir à la hussarde. Une affaire réglée en quelques mois et à la surprise des vieilles badernes du PS, et de LR. Devenu Président, nous dirons « général », il a engagé une nouvelle campagne pour se maintenir au pouvoir. Comme pour la précédente, il prend des risques et surprend.

 

LE PAYS DIVISÉ EN DEUX

 

Les commentateurs et les conseillers s'affolent : une partie de la population s'est mobilisée, dans la rue, en plein été, contre les mesures « Passe-Sanitaire ». Du jamais vu… Tout au moins à notre époque. On se souvient que les « évènements » de mai 68 ont été enterrés par les vacances... Aujourd'hui, c'est l'inverse qui se produit. Les manifestations grossissent, pendant les vacances. Les échéances successives qui imposent à la population la vaccination, poussent dans la rue de plus en plus de Français. L'action du Gouvernement est en train de créer, de toute pièce, une opposition irréductible. Macron divise les Français en deux camps, un camp important, ceux qui bénéficient du « passe-sanitaire », les vaccinés (deux fois pour le moment) et les autres. Ces deux camps sont de taille inégale, les Kollabos sont une large majorité, mais les manifestants sont certainement les plus déterminés. Ils sont à la limite de la révolte, face à l'agression qu'ils subissent. Ils ont conscience d'être pris dans un piège. Ils le vivent très mal. Ils sentent bien qu'ils sont pris dans une nasse, et pris pour des cons.

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Macron veut qu'ils se soumettent. Et pour les faire céder, Macron va jusqu'à leur faire perdre leur emploi (et sans droit au chômage, un scandale pur, pour des gens qui ont cotisé !), ne plus pouvoir se faire soigner, ne plus pouvoir se déplacer, ne plus pouvoir s'approvisionner dans les grands centres commerciaux. Ils se retrouvent, par la volonté du Prince, privés de services pour lesquels ils payé impôts et cotisations... Volés, comme dans un bois !

 

BOUTE FEU

 

Il est clair que Macron veut mettre le feu au pays. La manœuvre est évidente, grossière. Et personne, parmi les leaders, ne proteste. Aucune dénonciation (à part Philippot). Les syndicats sont couchés -à part Force Ouvrière- et quelques syndicats catégoriels. Comment les Centrales syndicales peuvent-elles accepter une agression pareille contre les salariés ? L'absence de réaction en dit long sur l'état du mouvement syndical en France. Les syndicats vivent des subventions de l'Etat. Ils ne sont plus une arme de défense des salariés. Ils sont un instrument aux mains du pouvoir.

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Même silence, incroyable, du monde politique. Macron ne semble pas avoir d'opposant. La classe politique s'est compromise depuis des mois dans la glu des mesures « politiques » de lutte contre l'épidémie : pas de masques, masques obligatoires ; enfermement, libération, enfermement, libération... ; Remdesivir, puis plus de Remdesivir ; vaccins libérateurs, puis vaccins obligatoires... Elle semble sidérée comme la majorité de la population... Les politiques ont peur. Ils attendent ! Macron est seul sur scène, et il fait le spectacle tout seul. Il mène la danse, les journalistes battent la mesure et font la claque. Les mesures qu'il prend et qui risquent de mettre le pays à feu et à sang, semblent même approuvées par l'opposition. Il va pouvoir les justifier par « l'épidémie », et jouer le « sauveur ». Quand la rue sera en feu, le boutefeu deviendra pompier. Comme De Gaulle en 68, il recueillera les suffrages de la peur...

Tout au moins, voilà sa manœuvre. N'oublions pas qu'il y a eu un premier acte à cette méthode, l'affaire des gilets jaunes. La répression (sanglante) et sans pitié a permis à Macron de remonter dans les sondages. Parce que, même avec presque rien à perdre, l'électeur veut de l'ordre... Un climat social tendu, ce serait pour Macron l'assurance d'une réélection... Il a vérifié, avec les gilets jaunes, que ça marche.

 

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L'INCONNUE DE LA JEUNESSE

 

C'est une constante de l'histoire, qu'une population jeune est propice à la guerre ou aux mouvements sociaux violents. C'est ce que nous avons vu, récemment, avec les « Printemps Arabes ». Aujourd'hui, la mobilisation estivale touche une population peu politisée, qui se situe à droite ou à gauche...des actifs, ou des retraités, des femmes autant que des hommes. Les jeunes, lycéens et étudiants ne sont pas présents.

 

Mais que se passera-t-il à la rentrée ? Même si la population française est relativement âgée, la jeunesse qui est rassemblée pendant la période scolaire dans les centres-villes des Métropoles, peut entrer dans les manifestations de protestation. Ce qui ne s'était pas passé au moment du mouvement des gilets jaunes. Les motifs de mobilisation touchent directement les préoccupations des jeunes et des adolescents : la possibilité de voyager, de sortir en boite, d'aller aux concerts, aux spectacles, de trouver des jobs d'étudiant...

 

Le thème de la liberté, et de l'avenir est très sensible. Et que dire de l'inconnue des effets à long terme des vaccins qui ne sont que des produits expérimentaux ? Difficile que cette crainte ne touche pas les plus jeunes.

 

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Même s'il a eu la prudence d'exonérer les forces de l'ordre des obligations vaccinale, même s'il a désamorcé la bombe que constitue le transport routier en permettant aux chauffeurs de continuer à travailler sans être vaccinés, Macron prend un risque politique. Il reste l'inconnue de l'ampleur de la réaction du monde étudiant. Macron compte certainement sur ses supplétifs que sont les black-blocks pour diviser le mouvement de protestation. Pour monter les manifestants de droite contre les manifestants de gauche... Mais cette méthode qui a si bien réussi contre les gilets jaunes, fonctionnera-t-elle cette fois encore ?

 

Les gauchistes vont-ils encore sauver Macron ?